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7-Le pardon



Le pardon étape ultime, est indispensable dans toute démarche de psychologie en rapport avec tout traumatisme surtout celui de la taille de la traite des esclaves dont les auteurs ont semblé forcer un peu sur la duré.

Il a fallu un travail de longues années par les descendants d’esclaves à travers leurs organisations avant que l’ONU ne se résolve à organiser la Conférence Mondiale de Durban en Août-Septembre 2001. A cette Conférence, il a été demandé le pardon qu’attendaient les victimes. Le pardon de celui qui le demande étant considéré comme une reconnaissance de sa faute. L’accord sur la réparation n’a pas encore abouti. Mais un grand pas avait été franchi.

Cette démarche mondiale permettra désormais d’avoir une approche des faits. Les Noirs américains qui auront entre les mains le dossier criminel sur l’utilisation de 400 Noirs comme cobayes pour étudier « La progression « naturelle » des maladies vénériennes en l’absence de soins » n’auraient plus la même réaction qu’avant le pardon. Cette étude eut lieu de 1932 à 1972. Il s’agissait de la syphilis et en l’absence de traitement à la pénicilline, la maladie a fait des ravages atteignant femmes et enfants. Aujourd’hui, la mortalité infantile est deux fois plus élevée dans la population noire que chez les Blancs. Les 8 survivants âgés de 87 à 109 ans se sont rendus à Washington pour la cérémonie des excuses présidentielles. Le président était Bill Clinton. Cf. Impact Médecin Hebdo N° 367 du 23/05/1997 à la page 21.

C’est en cela que nous disions plus haut que le peuple noir sud africain nous a gratifié d’une belle leçon d’humanité. Le pardon accordé à la minorité blanche encore vivante dans le présent des faits incriminés est une démonstration de haut niveau de la psychologie de l’effacement. Les larmes publiquement versées par les membres de la commission « Vérité et Réconciliation », le prix Nobel de la paix, Mgr Desmon TUTU en tête, a été une preuve de la douleur que l’on peut éprouver en acceptant réellement le pardon. Le peuple noir sud africain a offert à l’humanité toute entière, l’exemple individuel et collectif à la fois de l’effacement psychologique.



8-L’effacement.



Nous ne rangeons pas dans cette rubrique une invitation à faire le vide dans sa mémoire sur les atrocités qui ont été commises pendant des siècles et dont les survivances nous sont dévoilées de nos jours encore et chaque jour avec son lot. Car on ne peut pas demander aux victimes d’effacer de leur mémoire le traumatisme subi.



La traite des esclaves a été un gigantesque génocide où ont pris part individuellement ou collectivement, des gens de tous les milieux et de tous horizons.

Jean Paul II à Gorée en 1992 au nom de l’église catholique a pris sa part à l’effacement en déclarant : « Pendant toute une période de l’histoire du continent africain, des hommes, des femmes et des enfants noirs ont été (…) arrachés à leur terre, séparés de leurs proches, pour être vendus comme des marchandises.

Ces hommes, ces femmes et ces enfants ont été victimes d’un honteux commerce auquel ont prit part des personnes baptisées mais qui n’ont pas vécu leur foi. Comment oublier les énormes souffrances infligées, au mépris des droits humains les plus élémentaires, aux populations déportées du continent africain ?



L’effacement consiste donc pour la victime à recevoir, accepter et intégrer réellement le pardon qui lui est présenté, demandé. Ce qui revient à l’accorder.

En accordant le pardon à celui qui le demande, les deux parties se trouvent ainsi réunies dans une lévitation qui apporte la paix intérieure à chacun.

Ce qui doit se traduire par l’évacuation de tout complexe ; de supériorité pour le Blanc et d’infériorité pour le Noir.



En vivant ainsi au quotidien l’effacement devenu un état d’esprit, le jeune noir diplômé qui se verra refuser un poste auquel correspondent pourtant ses compétences n’en gardera point ni amertume ni déprime. Mais une force pour rebondir en ayant foi que Blancs et Noirs sont égaux non pas simplement sur les papiers mais aussi et surtout dans la réalité, y compris dans la réalité quotidienne. Et que cette vérité devrait être intégrée dans le mental de chacun. Donc ce jeune noir est en droit de penser que c’est le chef d’entreprise blanc qui vient de le recaler qui a un retard psychologique sur l’effacement.

En 2001 pendant mon séjour à Durban pour la Conférence mondiale de l’ONU contre le racisme, lorsque à Johannesburg un jour, j’ai pris mon ticket de bus pour aller à Maputo au Mozambique tôt le matin en même temps que des Noirs, j’ai été surprise de me voir toute seule monter et m’installer à une place de mon choix, les autres attendant encore dehors pour des raisons que je ne connaissais pas.

C’est longtemps après l’arrivée d’autres passagers blancs, qui eux sont montés immédiatement choisir leurs places avant que les Noirs ne montent s’installer que j’ai compris. J’ai compris que ces Noirs avaient un retard psychologique sur l’effacement.

Au cours de notre trajet de 400 Km environ, en conversant avec mon voisin de siège, il m’apprendra que le même phénomène s’observe parfois à l’Université. Certains étudiants noirs attendent que des étudiants blancs entrent en Amphi choisir leurs places avant d’occuper le reste des bancs. Cela se passait en 2001 alors que l’apartheid était aboli depuis 1990 et que Tabo M’BEKI avait succédé à Nelson MANDELA comme deuxième président noir de l’Afrique du Sud.

Nous devons admettre que la psychologie de l’effacement est un travail sur soi individuel et collectif, difficile, certes, mais nécessaire pour que s’instaure dans nos sociétés une paix intérieure pour chacun et une paix durable pour tous.

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