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 SG, vous avez été dans vos différentes fonctions antérieures membre de l’Observatoire de lutte contre la corruption devenu aujourd’hui l’Autorité  nationale de lutte contre la corruption. Selon  vous, qu’est-ce qui a été fait concrètement depuis sa création en matière de lutte contre la corruption ?

Je peux avoir un regard critique mais ce regard critique est professionnel. Parce que quand j’ai pris service en 1981 à la direction du budget, je suis resté à la division investissement et équipement. C’est ça qui s’occupait des grands travaux. Donc, ce qu’on appelle les rues de Cotonou, c’est-à-dire quand vous quittez Gbèdjromèdé pour venir à Atinkanmè, c’était du sable. Ce projet-là, si vous le cherchez dans les archives, vous verrez mon nom, vous verrez le nom de l’IGF, Hounsou Edouard. Si vous prenez le ministère de l’économie et des finances actuel, vous verrez mon nom. Donc, je suis resté dans un système où j’ai vu ce qu’on appelle les marchés publics. C’est pour ça que si vous allez à l’université aujourd’hui et que vous prenez mon mémoire du premier cycle, c’est : « Le financement des marchés publics en République populaire du Bénin ». Vous aurez assez de chiffres et vous verrez que déjà en ce moment-là, je dénonçais déjà tout ce qui est surfacturation, tout ce qui est avenant. J’ai fait l’Observatoire de lutte contre la corruption sous la direction de Jean Baptiste Elias. On peut tout reprocher à Jean Baptiste Elias, mais si c’est le dynamisme, il l’a et les résultats que nous avons eus sont probants et peuvent être démontrés pour les deux mandatures. Qu’on ait changé l’Observatoire de lutte contre la corruption en Autorité, vous verrez toujours que les missions n’ont pas changé. Les textes sortis, les lois qu’on a eues, qu’est-ce qu’on en fait ? Tout le problème est là et qui peut avoir la poigne de faire exécuter ça sans toucher à la cour et à la basse-cour de YAYI ? Tout le problème est là ! Qui peut avoir le courage de le faire ? C’est de ça qu’il est question.

 On a l’impression que cette Autorité est trop silencieuse et ne parle pas. A quoi cela est dû ?

Il faut des gens qui peuvent avoir le courage de leurs opinions, de faire passer leurs opinions. Quand c’est blanc, ils n’ont qu’à dire que c’est blanc et n’avoir peur de qui que ce soit, ni de représailles de qui que ce soit et ou être prêt même à subir les représailles. C’est pour ça que si les paroles vont sous l’arbre à palabre  au village, on ne cache rien.

Le droit de grève des magistrats à l’Assemblée nationale  a nécessité la mise en  place d’un comité de gestion de la crise. Selon vous, la victoire serait de quel côté ?

Dans cette histoire, il ne faut pas voir l’Unamab seule, il faut voir le peuple béninois. Si ce n’est que les magistrats, ils sont combien ? Non, on leur retire le droit de grève comme on a fait aux douaniers, mais aussi le droit de citoyenneté. Ils n’ont même pas à militer dans un parti politique. Voyez-vous tous les ravages que ça va faire au niveau des institutions ?         Puisqu’au niveau des institutions, tous ceux qui sont magistrats doivent être  sortis.  Votre CENA même, on doit le mettre aux calendes grecques et c’est fini. Il s’agit là d’un problème profond. J’ai dit à l’entame de notre entretien que quand vous prenez notre loi fondamentale, vous verrez que c’est par rapport à la période dictatoriale dont on venait de sortir que la loi a été prise. L’article  30 de la loi fondamentale a été clair : le droit de grève est reconnu à tout fonctionnaire. Si dans d’autres constitutions, dans d’autres pays le droit de grève est interdit aux magistrats, on ne peut pas transporter ça ici parce que dans  notre loi fondamentale, ce n’est pas la même chose.  Et, l’article 25 est clair : le droit d’aller et de  venir  est reconnu. Avant 90, Il n’y avait que deux journaux. On avait déjà conquis les libertés dans les rues en 85 et couronnées en 1989pour voir Tam-Tam Express, la Gazette du golfe, le Canard enchainé et autres commencer par paraître. Et si vous prenez les numéros de la Gazette du golfe  aux années 89, c’est les extraits des papiers des comités d’action pour la plupart. Donc, pour en revenir à cette question, les magistrats, ce n’est pas eux, c’est le peuple. C’est au peuple qu’on veut retirer  son droit pour avoir le bon droit de le mater à tout moment, de lui dicter ce qui doit pouvoir se faire. Quand vous avez vu le défilé du 1er août, qu’est-ce qu’on a montré ? C’est rien que des armes de guerre. « Taisez-vous hein, sinon, vous voyez ce que j’ai ? C’est pour vous. » Voilà ce qu’on veut dire.  Dans les pays africains, c’est ça. Mais dans les pays développés, on montre ça pour   faire peur à d’autres puissances. Quand les Etats Unis d’Amériques font ça, ils amènent tout ce qu’ils ont comme armes chimiques et autres pour dire : « Union soviétique tu vois tout ce que j’ai ? Tu vois à quel niveau je suis déjà » C’est ça ce qui se fait. Mais ici, c’est pour faire peur aux populations.  On veut dresser le lit à la dictature. Au peuple de se battre. Les magistrats en ont suffisamment fait et il faut les féliciter.

 N’y a-t-il pas un peu d’objectivité dans ce que disent les députés quand on sait  ce qui se passe dans les tribunaux ?

Non. En voulant régler un problème, il faut voir celui à qui cela profite. Voici le problème qui est posé : ils disent que les dossiers trainent au niveau des juges, que les tribunaux sont engorgés, que les juges sont corrompus. Qui construit les tribunaux ? C’est les magistrats qui le font ? Et dans la loi, je ne suis pas juriste mais quand il y a un tribunal quelque  part, c’est qu’il doit y avoir une prison à côté. Combien de prisons on a au Bénin et elles ont été construites pour combien de gens ? C’est ça aussi la sécurité.  Si on doit avoir pitié de nous, quand on nous a pris comme malfrat, la loi aussi nous dit qu’on ne doit pas nous torturer quand on nous met au frais. Il faut bien nous traiter. C’est ça aussi le droit du citoyen. Combien de prisons  y a-t-il ? Tous les fonds qui sont volés, combien   ont-ils  pris pour construire des prisons ou des tribunaux ? N’avez-vous pas appris que le  MCA a envoyé de l’argent pour construire des hôpitaux, argent qui a été détourné ? Voilà la leçon qu’on veut apprendre. Les tribunaux ont engagé les dossiers, les dossiers trainent sans suite. N’avez-vous pas appris que les magistrats disent que quand il y a cour d’assise, il y a des moyens qu’on doit mettre à leur disposition et qu’on ne le fait pas ?  Pour qu’il y ait sécurité, il faudrait qu’il y ait assez de juges, de magistrats. Ceux qui ont dit qu’ils ont honte des magistrats parce qu’ils sont trop corrompus, l’histoire nous a fait déjà savoir ce qu’ils sont. Pourquoi celui qui a dit que les juges sont plus corrompus ne donne pas de noms ? Moi, je ne parlerai pas d’un corrompu sans donner de nom ni  la preuve. Dès qu’on a dit que quelqu’un connait des corrompus, il aurait dû donner des noms qu’il serait un garçon. Il aurait fait avancer la magistrature dans notre pays. Entre temps quand il y avait eu un problème des magistrats pour frais de justice, des magistrats ont été radiés. Les magistrats ont-ils refusé d’être radiés si les faits de corruption sont établis ?Moi je ne dirai pas que les magistrats sont corrompus. Je dirai que certains magistrats sont corrompus mais pas tous.

Que faut-il faire face à cette proposition ? Faut-il laranger  au placard?

Moi, je pense qu’il faut la retirer. Mais j’ai écouté Sacca Lafia. Voilà quelqu’un qui s’occupe de notre Lépiet qui dit aujourd’hui que les signataires de cette proposition de loi ne feront pas demi-tour, qu’ils iront jusqu’au bout. Ils comptent sur quoi concrètement ? C’est ce que je ne comprends pas.

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