ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS
DE L’HOMME ET DES PEUPLES (ODHP)
2005 / 0061 / DEP - ATL -LITT / SG / SAG – Assoc-JORB N°4 du 15 février 2005
08 BP 1114 Cotonou (Rép. du Bénin)
Tél : (229) 97 68 49 31 / 97 39 10 22 / 97 26 36 20

INTERDICTION D’OCCUPATION DES ESPACES PUBLICS PAR LES RELIGIONS
UNE MESURE ANTICONSTITUTIONNELLE INJUSTIFIABLE

Dans la suite de l’opération de déguerpissement forcé des espaces publics, le préfet du Littoral, Modeste Toboula a fait déguerpir les fidèles musulmans en pleine prière le vendredi 27 janvier à la mosquée centrale de Cadjèhoun à Cotonou. Devant les protestations des fidèles, de leur clergé et de l’opinion nationale, le gouvernement monte au créneau pour s’expliquer. Dans leur sortie médiatique chacun des ministres y est allé dans tous les sens. Voyons quelques-uns de leurs argumentaires rapportés par les journaux. Le ministre Djogbénou dit notamment : « …quelques soient les confessions : musulmanes, chrétiennes et religions endogènes, l’expression de la foi ne doit plus consister en l’occupation des espaces publics. Nous le faisons en application de la Constitution. Nous le faisons parce que le Bénin, notamment nos grandes villes, ont vocation à être des villes modernes. Il n’est pas non plus dit, qu’il n’y aura pas des espaces pour exprimer sa foi. Il y a des espaces comme les stades…..Désormais, vous imaginez que les grandes manifestations, le chemin de la croix par exemple, ne devraient plus être faits dans l’occupation des espaces publics…. » (Le Matinal N°5010 du 30 janvier 2017). Le ministre de l’intérieur Sacca Lafia renchérit : « Que ce soit une messe d’anniversaire, de décès ou une prière musulmane dans la rue, pour de simples mesures de sécurité, le gouvernement l’interdit....Un quidam peut foncer avec son véhicule sur des musulmans en pleine prière au bord des routes…. » (Idem).

Un quidam pourrait foncer aussi sur les festivités du 1er août à la Place de l’Etoile rouge à Cotonou ou à la Place Tabera à Parakou.
C’est triste ! Nous voudrions simplement rappeler que l’invocation de la Constitution ne justifie nullement la mesure prise. La Constitution en son article 25 est claire : « L’Etat reconnait et garantit dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et venir, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation » Notre Constitution s’attache aussi aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, etc.qui reconnaissent la dignité humaine libérée de la terreur et de la misère….La Constitution n’ignore pas les us et coutumes, plus généralement les traditions séculaires. Et aucune modernité ne peut justifier qu’on les piétine. Imagine-t-on qu’on interdise Le Grand bain dans le Gange (42 jours) qui fait venir des fidèles hindous de tous les coins de l’Inde et d’ailleurs dans le monde, ou le festival de Rio (au Brésil) et tous les nombreux festivals dans les grandes villes du monde tels le Carnaval de Paris avec un défilé sur 2,8 km de la place Gambetta à celle de la République ? Toutes ces manifestations ont lieu dans la rue ou les espaces publics. Malgré les attentats qui ont déjà eu lieu à Paris, à Berlin, à Bamako, à Ouagadougou et les menaces qui pèsent sur tous les pays aujourd’hui, aucune raison sécuritaire n’autoriserait l’interdiction de telles manifestations. Les attentats ont lieu partout même dans les lieux clos comme les stades et les aérogares. On interdirait alors tous les voyages aériens et par voies de terre et par mer et les compétitions sportives. Au contraire, les gouvernements veillent et prennent les mesures appropriées lorsque le risque est imminent ou avéré. Aucune mesure de prévention sécuritaire ne met entre parenthèse les libertés constitutionnelles. A moins d’avouer son incapacité et alors on en tire les conséquences.
En gros, le gouvernement et nos ministres n’ont aucun argument. Ils accréditent plutôt de jour en jour, la thèse de ceux qui affirment qu’à vouloir ruser, le pouvoir rêverait d’un Etat voyou dans une République bananière. Vrai ou faux, le peuple est averti, lui seul étant le détenteur du pouvoir souverain. A l’ODHP, nous dénonçons et condamnons cette mesure. L’interdiction des cultes sur les espaces publics n’est qu’un des avatars des pratiques liberticides d’un régime despotique violent et brutal en panne d’argument. Halte !
Cotonou, le 30 janvier 2017
Le Le Bureau Exécutif National

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