Face aux dérives morales et politiques que traverse notre pays, les disciples de Socrate ont décidé de tirer la sonnette d’alarme. C’est à travers une déclaration qui peint de manière exhaustive le tableau sociopolitique du Bénin à l’ère du Changement. Lire leur déclaration.

« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. […] Un temps pour garder, et un temps pour jeter. […] Un temps pour se taire, et un temps pour parler. » Ecclésiaste, III, 1, 6 et 7.

L’élection de Monsieur Boni YAYI à la magistrature suprême en mars 2006 par une écrasante majorité de nos compatriotes (75%) était le signe d’une volonté manifeste de rupture avec l’anormal, l’impunité, l’injustice, la mal gouvernance. Nos compatriotes ont cru en la capacité du nouveau pouvoir à nous sortir des blocages et errements d’hier, à nous projeter dans l’émergence réelle de notre pays. Puis, perdus dans les tâtonnements, errements et illogiques improvisations, ils se sont résignés à attendre la voix d’un sauveur. Plutôt que celle-ci, c’est à une crise morale et éthique présente dans tous les domaines de l’activité nationale qu’ils doivent faire face aujourd’hui.

La franche dégradation des relations humaines dans tous les secteurs de l’activité nationale, l’intensité de la mal gouvernance, la gravité de la dépravation des mœurs politiques, suscitent aujourd’hui de sérieuses inquiétudes et justifient la déclaration que nous, professeurs béninois de philosophie faisons afin de signifier clairement à l’ensemble du peuple béninois que les stigmates de la démoralisation n’ont pas encore atteint toutes les couches de l’intelligence. Si nous sommes aussi inquiets que la population, c’est parce que le pays va mal, très mal même. Si nous sommes inquiets, c’est parce que les signes d’une grave crise morale, d’une véritable crise des valeurs sont si visibles qu’il nous est impossible de continuer à subir et à accepter l’inacceptable, à cautionner la systématisation des discours et des actes attentatoires au contrat social et à la cohésion nationale. Parce que cette crise n’est plus seulement économique, elle est surtout morale et a atteint tous les ressorts de la nation. Il urge donc d’interpeller la conscience des uns et des autres et de dénoncer l’inertie collective, l’inaction et l’injustice de plus en plus préjudiciables à notre avenir commun. Certes, nous sommes conscients que l’inflation des valeurs morales et éthiques dans notre pays ne date pas d’aujourd’hui, mais le changement n’était-il pas sensé ‘‘changer’’ les mœurs politiques ?

Nous nous permettons de décrire ici, en tant que citoyens, quelques uns des aspects symptomatiques de cette crise qui fondent nos constats et ne peuvent laisser personne indifférent.

La qualité des acteurs politiques

La perte de crédibilité et de confiance ainsi que les nombreux actes attentatoires aux bonnes mœurs ont convaincu plus d’un de la pourriture de la classe politique qui s’illustre dans des dérives de toutes sortes. D’abord, au plan de la qualité vertueuse desdits acteurs, nous sommes déçus et révoltés par ce qu’il nous est donné de voir depuis 2006. Les hommes conviés à la gestion des affaires publiques, nommés à divers niveaux ou même élus, sont loin de faire l’unanimité en raison de leur profil douteux et de leur parcours peu honorable. Leur promotion est souvent faite sur la base de la région, de la religion, de l’appartenance partisane ou des lobbys politico-mafieux. Ces critères priment avant tout sur la compétence, l’expérience, l’ancienneté et la qualification morale et éthique. Nombre de ministres, députés, conseillers communaux, municipaux ou locaux, conseillers techniques et chargés de mission opérant à la Présidence de la République, cadres administratifs, directeurs d’entreprises d’Etat, chefs de partis et de mouvements politiques sont réputés être de corrompus patentés ou des repris de justice arrogants ayant maille à partie avec le fisc, la douane ou la justice, mais jouissant d’une impunité sans bornes. Et pourtant… Et pourtant, le chef de l’Etat nous a promis de constituer autour de lui : « pour diriger les affaires publiques, une équipe d’hommes et de femmes de grande qualité, réputés pour leur patriotisme et leur compétence, enclins à la vertu, responsables et intègres et aptes à servir le pays avec humilité et abnégation » et de faire aboutir « la proposition d’une loi sur l’enrichissement illicite rendant imprescriptibles les crimes économiques » (cf. Agenda pour un Bénin nouveau, chapitre Gouvernance). De même, il a été rédigé une Charte du Gouvernement en 10 points où il y est clairement affirmé l’observation des principes comme la transparence, la responsabilité, la reddition des comptes et l’obligation pour les ministres de la signer. Enfin, les limogeages tous azimuts de ministres et Directeurs de sociétés d’Etat et de cadres de l’administration publique, la pression fiscale sur les opérateurs économiques indélicats, ont donné l’illusion d’un engagement réel du nouveau pouvoir de ne pas laisser prospérer la culture de la corruption, de l’impunité et de l’irresponsabilité.

Or, que se passe-t-il dans la réalité ? La vertu a déserté l’arène politique et tout est échec et déception totale. Tout se passe actuellement comme si la politique de ce pays se fait dans la fange et se fait avec des hommes dépourvus de scrupules. Et si nos hommes politiques semblent toujours avoir bonne conscience, c’est parce qu’ils n’ont plus simplement de conscience…morale ! A preuve, la plupart des institutions de la République sont confrontées à une crise de confiance et de crédibilité.

Le gouvernement est réputé dans l’art de tout promettre et de tout acheter à son profit : reculades dans les décisions et fréquents changements de missions ministérielles, utilisation abusive des moyens de l’Etat à des fins politiciennes, usage excessif et pour des motifs fallacieux des ordonnances chaque fois que le parlement exprime un vote négatif de rejet d’un budget scandaleux pour couvrir souvent des actes de corruption et d’indiscipline budgétaire ; passation en urgence de marchés de plusieurs milliards de francs de gré à gré en contradiction avec les procédures du code des marchés publics ; débauchages de députés acquis à prix d’or ou de milliards pour constituer et reconstituer au gré des intérêts en jeu sa majorité parlementaire, d’élus communaux et locaux pour disloquer ou constituer des majorités au sein des conseils communaux ; des personnalités et cadres attitrés des partis politiques sont ‘’achetés’’ pour casser et fragiliser les partis hostiles à la ligne du pouvoir et du vouloir de son chef ; décapitation de tout ce qui est représentatif, notamment fabrication de syndicats patriotes pour contrecarrer les syndicats non alignés (exemple des douaniers patriotes dans l’administration des douanes), de mouvements politiques dits patriotes pour vilipender et monter des mensonges les plus incongrus abondamment relayés par la télévision nationale et les journaux dits émergents, etc. La liste est loin d’être exhaustive, tant le bordel est inqualifiable.

Au parlement, le niveau de débats est si pauvre que l’intelligence a laissé la place à des joutes musclées d’une rare bassesse où le plus fort et le plus rusé des camps impose sa logique. Ainsi le règlement intérieur n’est pas toujours respecté, sinon interprété de telle sorte à bloquer l’activité parlementaire, le contrôle de l’action gouvernementale et les interpellations du gouvernement qui ne vient pas toujours devant les élus de la nation s’acquitter de ce devoir pourtant constitutionnel ; vote sélectif des lois, commissions d’enquête sans suite, tam-tam et tohu-bohu comme modes de contestation, gala de boxe et d’invectives, députés aux ordres de l’exécutif.

Les autres institutions qui auraient pu servir de tampons pour équilibrer les débats et rétablir la loi dans ses prérogatives s’adonnent, pour la plupart du temps, au reniement de leur propre rôle, s’alignant sans vergogne sur les positions tranchées de l’exécutif.

Ainsi la Cour Constitutionnelle est de plus en plus redoutée dans les reniements de ses propres jurisprudences, interprètent la constitution au gré des dossiers et intérêts en jeu, souvent et majoritairement en faveur du Gouvernement. Celui-ci choisit de n’appliquer que certains arrêts compatibles avec ses intérêts, ignorant et bafouant allègrement ceux qui sont favorables à d’autres citoyens et institutions. Certains de nos compatriotes n’hésitent pas à la qualifier de cour des miracles tant le reniement et le parti pris sont flagrants. Et pourtant, son Président estampillé partisan du pouvoir, tente de nous rassurer, sans grande conviction de son impartialité, surtout que l’institution aura à trancher les redoutables contentieux liés aux élections présidentielles et législatives de 2011 où se prédisent les pires horizons pour la survie de notre démocratie, de notre avenir commun.

La Cour Suprême est de plus en plus décrédibilisée tant ses arrêts déroutent le bon sens et remettent en cause ses jurisprudences comme dans le cas des interminables élections communales et locales de 2008 où les majorités sont fabriquées et remodelées souvent au profit du Gouvernement bloquant tout aussi souvent la cohésion des élus locaux et ruinant les perspectives heureuses du développement de nos communes.

Les autres institutions de la République doublées ou dépouillées de leurs prérogatives au profit de structures administratives créées par décret pour caser des amis ou des retraités désoeuvrés ne sont pas bien loties. Ainsi le Conseil Economique et Social est supplanté par un machin, aux contours et missions flous et superflus, pompeusement dénommé Haute Autorité à la Gouvernance Concertée. Elle n’a pour résultats que des séminaires pour disserter sur les crises sociales pendant que le pays est livré à la précarité et aux tensions socio politiques des plus graves.

La Haute Autorité de l’Audio visuel et de la Communication est incapable d’attribuer des fréquences et d’exercer ses droits et missions constitutionnels parce que le Gouvernement n’en veut pas. Elle pratique la censure sélective à l’encontre d’organes de presse qui s’illustrent dans la désinformation, dans la manipulation sur fond d’allégations mensongères et de grossiers montages pour dénigrer et salir l’honorabilité de citoyens réfractaires à l’alignement alimentaire.

L’indépendance de la justice est sujette à caution quand son silence retentit sur des affaires où des milliards de nos francs sont volés impunément. Le procès des magistrats corrompus connu sous le doux euphémisme de l’affaire des ‘’frais de justice criminels’’ rappelle combien la justice est gangrenée au point de se couper de certains de ses membres… C’est à y perdre son âme !

Dans certaines de nos mairies, la bataille n’est guère au niveau des préoccupations de développement local, mais plutôt axée sur la reproduction des tares du pouvoir central et les tripatouillages domaniaux pour s’attribuer le maximum de parcelles, le partage des postes juteux de maire, de ses adjoints et de chefs d’arrondissement. Les services offerts aux populations sont médiocres et à la limite du mépris. La corruption, la dilapidation des maigres ressources et les blocages injustifiés sont des pratiques les plus répandues au niveau de certains élus.

Dans l’administration publique, la politisation des actes et la marchandisation des postes administratifs, politiques et techniques, la concussion et la corruption, l’absentéisme et la paresse, le retard et la guerre des primes, l’enrichissement illicite et la recherche de marchés publics à travers des lobbys régionalistes et religieux, l’inefficacité et la lourdeur des procédures sont les facettes puantes les plus visibles qui noient l’effort des rares qui s’échinent à être honnêtes, exemplaires et incorruptibles. Tous ces dysfonctionnements, résultats de la banalisation du service public et des règles en vigueur, ont consacré une chose : le deuil de l’éthique et de la morale avec des conséquences sur tous les segments de la population.

La corruption et le sacre de l’impunité

L’échec et la déception sont à la mesure du désengagement des pouvoirs publics et de la consécration de l’impunité, de la pourriture, de la culture de l’abjection et de la montée en flèche des mafias de toute obédience. La marche dite verte contre la corruption du 16 juillet 2007 présentée comme le signe d’un engagement et d’une lutte résolue contre le fléau s’est révélée, au fil du temps et des évènements, comme un leurre et de la poudre jetée aux yeux d’un peuple berné une fois de plus et abreuvé de discours creux sur la corruption. Le matraquage médiatique sur la corruption non prouvée de certains élus, affaires surdimensionnées et instrumentalisée, à dessein, pour détourner l’attention du peuple des scandales en cours et bourrer les mémoires.

Que retenir sous le changement des interminables déclinaisons de la vision du Chef de l’Etat, des incantations incessantes et des infamantes comparaisons des thuriféraires du régime du changement qui s’échinent à montrer que la corruption n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière du passé ? Or, les records en la matière sont largement battus sous le changement qui n’a finalement rien changé quant aux mœurs exécrables déjà dénoncées hier.

On en retient que les immondes scandales : SBEE, LNB, SONEB, GSM, CNCB, Fonds de l’escorte des véhicules d’occasion, SONAPRA, Avion présidentiel, tuerie de paysans à Adja-Ouèrè, CEN-SAD, Machines agricoles, villas aquatiques de Lokossa, le milliard de la célébration du 1er août 2007 à Parakou, les milliards des Ecureuils non justifiés, abus des ordres de paiement, dilapidation des deniers publics, gaspillages et destruction du bien public, dépenses somptuaires, investissements et choix de projets à caractère électoraliste et contre productif pour l’économie, mais sources d’enrichissements de tous ceux qui grappillent autour du pouvoir, etc. Les personnes impliquées dans ces scandales n’ont jamais été sanctionnées administrativement ni poursuivies pénalement, certains, relevés de leurs fonctions en conseil des ministres, ont été aussitôt réhabilités au niveau de leurs services et au Gouvernement, d’autres remis en scelle ailleurs à des fonctions plus juteuses aux fins machiavéliques de poursuivre leur sale besogne.

D’autres ont célébré leur réhabilitation non, par une décision de justice, exigence minimale d’un Etat de droit, mais par ordonnance expresse d’une Commission ad hoc de retraités chargée de « dépoussiérer » le rapport de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) au nom de la real politik dit-on. Où sont les audits réalisés à grands frais au début du régime ? Que sont devenus les rapports de l’IGE ? Pourquoi la loi anti corruption déposée des lustres au Parlement n’a jamais été votée par la majorité parlementaire favorable au régime ? Quel est le résultat de l’affaire SONACOP ? Quels sont les résultats et les gains engrangés par l’Etat des milliards de nos francs éjectés dans le coton dont le tonnage est de 140 000 tonnes, la SBEE et la fameuse révolution agricole avec ses hyper essoucheuses ? De quelle source proviennent les libéralités généreusement distribuées en public aux citoyens au nom du Chef de l’Etat pour solliciter leur soutien sans faille ?

On comprend aisément pourquoi tout est aujourd’hui achetable et corruptible. Des médias sont muselés à travers les contrats sulfureux et des articles montés pour dénigrer les “ apatrides ” et relayer la propagande gouvernementale.

Les têtes couronnées marchent à coup de billet de banque pour organiser des meetings de soutien. Des responsables d’organisations de la Société civile sont avilis par l’argent public pour des missions de division et de reniement de leur statut. Les chefferies traditionnelles et chefs de cultes, à pas forcés et assommés par la générosité sans bornes du gouvernement se sont divisés et décrédibilisés en contribuant à la banalisation de leur statut moral. Des femmes et des jeunes instrumentalisés à travers des machins de mouvements bruyamment annoncés pour danser, marcher au gré de la quantité de billets de banques perçue répétant à tue-tête les incantations populistes. Des syndicalistes marionnettes à la tête de syndicats pompeusement dénommés syndicats “jaunes ou patriotes” sont achetés à la même bourse, celle de la transhumance et du reniement de soi, de la muflerie et de l’infamie.

Dans cet environnement de pourriture généralisée érigé en système de gestion des hommes et de mobilisation politique, la corruption ne peut que devenir le sport national préféré des populations réduites à la précarité et à la misère, des intellectuels décrépits et sans dignité, des ripoux de l’administration publique, des cadres, des ministres, conseillers techniques, chargés de mission, des opérateurs économiques et des gestionnaires de projets et société d’Etat dont le seul souci est de s’aligner derrière le pouvoir pour prendre sa part.

Nous sommes donc à l’apogée des gestes de corruption, à l’ère du renversement de l’échelle des valeurs : la fraude sous toutes ses facettes, la patrimonialisation du bien public, la prévarication du bien commun, la tricherie et le vœu officiel de tripatouillages des résultats de certains concours au détriment des méritants, la paresse, la délation, le mensonge, le clientélisme, l’affairisme, la gabegie, l’improvisation, l’aplatissement, l’arnaque, l’enrichissement illicite, le népotisme, l’incompétence, le sacrifice de l’intelligence, la politisation de tout, la division des familles et des structures les plus représentatives du pays, les trafics d’influence, l’encensement de l’opportunisme et de la médiocrité sont portés au pinacle de la réussite et de la considération sociales. Désormais le travail, le mérite, la compétence, l’expérience avérée, l’intégrité, l’honnêteté, l’équité, la vertu, le respect de la loi et de la constitution sont royalement ignorés et considérés, d’abord par les élus, comme des pratiques démodées à l’antipode de l’émergence personnelle et de l’avenir des enfants. Au nom de la danse du ventre et des reptations, de la jactance et de l’ineptie, du régionalisme et de l’appartenance ethnique et religieuse, tout le monde se découvre des qualités de politicien pour s’illustrer dans l’arnaque et la prostitution.

Tant que la misère sera généralisée et la politique perçue par la plupart de nos compatriotes, comme le métier le plus facile, le gagne-pain le mieux payé en termes de primes imméritées et de bakchichs de table, le plus sûr pour avoir un poste politique ou technique, pour se réaliser et s’y maintenir le plus longtemps possible pour jouir des privilèges matériels, le Bénin sera un gâteau à partager. Dès lors, tous les segments de la société s’emploieront à la suite des acteurs publics à perpétuer les actes de corruption et l’impunité, à défier la justice, à tuer le service public et à humilier le peuple. Et pourtant, il suffit de respecter la loi et de l’appliquer.

Le discours politique et des dérives verbales attentatoires

à la démocratie et à la paix

Le discours politique est tout aussi corrompu, ennuyeux et pauvre que les comportements irresponsables décrits plus hauts. Le matraquage médiatique permanent auquel nous sommes soumis, le surdimensionnement des actes et réalisations souvent insignifiants et le déni historique des réalisations et acquis des régimes précédents orchestrés par le pouvoir participent de la falsification et de l’infantilisation des medias et des citoyens. Le musellement de la presse obligée de signer des contrats léonins, la mise au pas des organes du service public, notamment la télévision nationale et les actes attentatoires aux libertés publiques illustrent, à bien des égards, cette logique du pouvoir exclusif. Cette stratégie du pouvoir sans partage a inévitablement conduit à la suppression des émissions critiques pour ne relayer que le monologue gouvernemental, les interminables marches de soutien, les proclamations ridicules, les comptes rendus d’activités politiciennes et les balades ministérielles ou présidentielles tout aussi futiles à travers le pays.

Il est donc clair que la culture de la pensée unique, de la dictature, de la démagogie, du populisme moyenâgeux, de la jactance et de la propagande plate sont des actes d’une stratégie de l’abêtissement, de la crétinisation des masses au moyen du mensonge d’Etat et de la manipulation grotesque de la réalité pourtant visible et têtue. Le plus grave et le plus inacceptable est la diffusion de propos régionalistes, ethniques et tribalistes, des appels flagrants à la haine et à l’anarchie (cas des élections communales contestées violemment dans la rue par les partisans du pouvoir et jamais terminées depuis lors), à l’intolérance et à la violence à l’encontre de tous ceux qui refusent de s’aligner pour manger et s’exhiber. Cerise sur le gâteau, la laïcité de l’Etat n’a jamais été autant malmenée qu’à l’ère où tout change dans l’énormité. Ainsi, des pasteurs chrétiens, qui n’ont rien à envier aux mollahs extrémistes, sont partout : ils gagnent des marchés publics, représentent le chef de l’Etat dans des institutions et manifestations publiques, promus dans des cabinets présidentiels et ministériels, placent leurs gens dans les arcannes du pouvoir et de l’économie, se donnent des missions d’encadrement spirituel du premier magistrat et couvrent des lobbys de toute sortes.

Quelle est la logique qui sous-tend ces discours irresponsables et l’apologie de la guerre et de l’affrontement au lieu du dialogue franc et sincère ? Pourquoi les pouvoirs publics ne font rien pour décourager les chantres du massacre de la paix, de la cohésion et de l’unité nationale, des dérapages verbaux et des montages de dénigrement des personnes qui ont fait d’autres choix politiques ou citoyens ? Pourquoi ce parti pris de l’indécence, du culte de la personnalité et de la délation ? Pourquoi sommes-nous retournés aux injonctions du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale dont les ajustements structurels et autres mesures d’austérité n’ont jamais conduit les pays africains au développement et à l’observation de la bonne gouvernance ?

Nous avons le droit d’avoir des réponses à ces questions. Au regard de ces questions qui resteront sans réponse, puisque personne n’est coupable ni responsable de rien et, à la vérité, il faut dire que la source première de notre arriération et de l’état piteux de notre pays n’est en fait que le discours peu crédible des politiques. Ce faisant et de leur propre reniement, la parole de l’homme politique est insincérité, vulgarité, fugacité, mauvaise foi, duperie, incohérence et mensonge. Même quand ils veulent être sincères ou dire la vérité, personne n’y croit plus. Dans un tel climat de prime à la corruption, une question vient inévitablement à l’esprit :

Que faire alors ?

Cinq propositions aux acteurs publics et à tous les citoyens :

1- Exiger de tout postulant aux postes politiques et techniques, la preuve de leur qualification professionnelle, morale, éthique et sociale ;

2- Définir un code du politiquement correct avec obligation de publication dans les journaux des biens acquis avant et à la fin d’un mandant électif, politique et technique à tous les niveaux de direction ;

3- Faire voter la loi anti-corruption pendante au Parlement pour réprimer les actes de corruption, l’impunité, les violations de la loi et de la Constitution afin de rendre imprescriptibles tout crime économique et de sang quel que soit le statut de leurs auteurs ;

4- Réduire le train de vie de l’Etat en supprimant les institutions budgétivores aux contours, finalités et utilités non avérés, en réduisant la taille pléthorique du Gouvernement et des cabinets politico-institutionnels ;

5- Mettre fin à la théâtralisation du pouvoir politique, à la prostitution et à l’encombrement de l’arène politique d’acteurs superflus et pourris et à la gouvernance spectacle pour donner sens et mesure au discours politique, à l’équité, à la justice sociale, à l’éthique de la conviction et de responsabilité individuelle et collective.

L’effectivité de ces points est réalisable et il tient à l’engagement de nous tous à refuser l’inacceptable pour désormais n’agréer que ce qui est légal, juste et moralement défendable.

Ont signé :

1. Gad-Abel DIDEH ( 97744127)

2. Francis Maxime OKOUNDE

3. Yao KOUNOU

4. Stéphane GNANVO

5. Théophile KOCOU

6. Didier AMEGNANGLO

7. Armand TOUDONOU

8. Anice DODODJI

9. Simplice ADJE

10. Bienvenu ANTONIO

11. Philippe BAYANE







 

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