CADRE DE CONCERTATION SUR LA GOUVERNANCE AU BENIN (CCGB)
Point de Presse du Mercredi 28 Juin 2017

Mesdames et Messieurs les journalistes ;

Mesdames et Messieurs les membres du cadre de concertation sur la gouvernance au Bénin ;
Mesdames et Messieurs les usagers du service public ;

Le 27 décembre 2016, dans cette même salle, les membres du Cadre de Concertation sur la Gouvernance au Bénin (CCGB), en conférence publique, ont fait l’état des lieux de la gouvernance sous la rupture pour un nouveau départ du 06 avril 2016 au 27 décembre2016.
De l’analyse basée sur la réalité des faits, ils étaient arrivés à la conclusion suivante :
« L’avancée du Bénin notre pays, demande des sacrifices. Et notre peuple ne craint pas les sacrifices. Il les a consentis pour conquérir les libertés. Il consent à ces sacrifices pour l’instruction des enfants, pour la marche des entreprises et des administrations. Mais les sacrifices ne doivent être imposés au peuple pendant que les dirigeants au pouvoir se partagent le bien public. Avec un Président qui a le pouvoir d’argent et le pouvoir politique, si le peuple dans un sursaut patriotique ne se réveille pas pour freiner l’élan dictatorial et autocratique qui est en marche par une veille citoyenne à chaque instant, le Bénin va se révéler dans les affaires et les poches de quelques riches. Le cadre de concertation offre son forum à toutes les dérives de la mal gouvernance. Œuvrons pour l’érection d’un pouvoir patriotique et de probité pour l’émancipation complète des uns et des autres. Ne tolérons plus que, à grand et à petit feu, on nous tue. ».

Du 27 décembre 2016 au 28 Juin 2017, soit 06 mois après que constatons-nous :

- La gestion économique du pays.
Le Président de la République est actuellement le seul et incontournable fournisseur des intrants du coton et des produits vivriers. A lui et aux clans autour de lui, appartiennent aujourd’hui les sociétés : Société pour le développement du coton (SODECO), Association interprofessionnelle de coton (AIC), SDI, DFA, CSPR, CAI. Si c’est faux le peuple veut qu’il soit publié et certifié les actes authentiques des propriétaires. Il urge aujourd’hui pour la gestion transparente du pays, que les listes des sociétés transférées par le Président de la République et ses collaborateurs à des personnes tierces soient publiées pour éviter les conflits d’intérêt.
Les quinze usines d’égrenage lui appartiennent désormais d’office ainsi que l’exportation du coton, principal produit de rente du pays. Il fait revenir le PVI et poursuit la privatisation des secteurs stratégiques et vitaux du pays après la désarticulation de l’administration publique, la destruction des activités de survie des pauvres commerçants et artisans avec des déguerpissements arbitraires et sauvages occasionnant ainsi l’extension et l’aggravation de la misère.

- Les privatisations et liquidations ordonnées des services publics de l’Etat.

1- Le 28 avril 2016, le Président Talon prend un décret en Conseil des Ministres portant rétablissement de l’Accord Cadre entre l’Etat et l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC) ;

2- Le 27 Juillet 2016 le Conseil des ministres fait un diagnostic des dysfonctionnements majeurs des centres de santé et hôpitaux du Bénin en ces termes : mauvaise gouvernance, gangrène de la corruption et l’enracinement de l’impunité, répartition déséquilibrée des ressources humaines, matérielles et financières, faible utilisation des ressources humaines qualifiées au niveau national, politisation à outrance du secteur, inadéquation du plateau technique. Après ce constat la seule thérapie, c’est la mise en affermage de trois hôpitaux de zone ( Covè, Djidja, Djougou) pour achever par la mise en concession du seul hôpital de référence à qui l’Etat doit plus de 07 millards pour non paiement des montants des prises en charge des APE et aggravé par la diminution de la subvention de l’Etat par le Président TALON. Pendant ce temps, les trois tables d’opérations qui coûteront au bas mot moins de 50 Millions de francs cfa au Centre de l’HOMEL qui reçoit au moins 150 femmes par jour à césariser, sont en panne depuis des mois et nos femmes meurent en série. Pendant que des milliards de francs CFA sont investis au profit du Chef de l’Etat, il a fallu la bonne volonté d’une ONG pour offrir une table d’opération d’environ 10 millions de francs CFA à l’hôpital de la mère et de l’enfant (HOMEL).

3- Le 18 novembre 2016, Talon approuve en Conseil des Ministres, la mise en concession des aéroports du Bénin et autorise la signature d’un contrat avec la Société MORPHO DYS pour la mise en place d’un système de contrôle des entrées et des sorties.

4- Le 30 novembre 2016, le Conseil des Ministres sous la Présidence du Président Talon, procède à la liquidation ordonnée de la société nationale de promotion agricole (SONAPRA), de la centrale d’achat des intrants agricoles (CAIC-SA), de l’office national d’appui à la sécurité alimentaire (ONASA), de l’office national de stabilisation et de soutien des prix des revenus agricoles (ONS).

5- Le 11 Janvier 2017, au Conseil des Ministres, il est prononcé la mise en concession de la gestion des aérodromes appartenant à l’Etat béninois. La gestion des aérogares et installations commerciales, la gestion technique et l’entretien des installations aéroportuaires, la gestion et l’entretien des aérodromes secondaires confiés à des structures privées. Au cours de ce conseil il a été définitivement scellé le sort des travailleurs du MAEP par la prise d’un décret portant nomination du liquidateur de l’ONASA, de l’ONS, de la CAIA-SA, de la SONAPRA, de l’ADMA-SA, et des six Carders.

6- Le 25 janvier 2017, il est décidé par le Président de la République, en Conseil des Ministres, de la mise en concession de la gestion de la sûreté aéroportuaire au Bénin (contrat de concession à durée déterminée).

7- Le 08 février 2017, au Conseil des Ministres sous la présidence de Talon, il a été autorisé d’engager avec la société PARAS ENERGY des négociations en vue de l’installation et de l’exploitation au Bénin d’une centrale électrique thermique dual fuel de 150 MW dans le cadre d’une convention de concession de type BOOT pour une durée de 15 ans. Et pourtant au Conseil des Ministres du 04 Janvier 2017, il était prévu la construction d’une centrale thermique de 400 MW à Maria Gléta dont le financement de la première phase 120 MW d’un montant de 107 milliards serait bouclée depuis le 23 décembre 2016.

8- Le 15 février 2017, le Président Talon décrète en Conseil des ministres, du « leasing » ou location de véhicules à longue durée.

9- Le 17 mai 2017 : mise en affermage avec AFRICAN PARKS NET WORK (une ONG) des réserves de faune de la Pendjari et W qui recèlent d’importantes ressources floristiques et fauniques et des paysages culturels à haute valeur touristique. Ici l’Etat investit des milliards pour l’entretien des voies d’accès.

10- Le 19 juin 2017, malgré toutes les polémiques sur l’état de la santé du chef de l’Etat, au cours du Conseil extraordinaire placé sous sa présidence, on nous apprend qu’il a rassuré le peuple béninois qu’il est totalement rétabli, qu’il exerce pleinement ses prérogatives constitutionnelles et qu’il poursuit inlassablement la noble mission qui lui a été confiée. Pendant ce temps le député Aké NATONDE du bloc de la majorité présidentielle appelle à une trêve pour raison de convalescence du Chef de l’Etat sans se soucier des travailleurs licenciés, des petits vendeurs et artisans déguerpis, qui meurent du fait de la mauvaise gouvernance et des privatisations sauvages du Président Talon.

11- Pendant qu’Aké Natondé demande d’arrêter les marches et les protestations contre les privatisations et le chômage, le Conseil des Ministres en sa séance du 21 Juin 2017, annonce la dissolution anticipée de Libercom SA, et de Bénin Télécoms Infrastructures, la sélection d’un partenaire pour la gestion commerciale et la maintenance des équipements transférés à la société de patrimoine, la sélection d’un partenaire pour la gestion de type privé de Bénin Télécoms Services.

Voilà, Mesdames et messieurs les journalistes, où conduit le peuple, la politique de l’option basée essentiellement sur le profit individuel, sur la recherche de profit privé maximum au lieu d’une option en termes de satisfaction des besoins sans cesse croissants des hommes de la communauté. Cette option du «tout privé», et de «l’Etat minimum» où tous les leviers de commande économique du pays sont confiés aux intérêts privés pour permettre à Talon de renforcer son empire économique et financier au détriment du peuple et des autres opérateurs économiques nationaux.
La lutte contre les privatisations ne peut être aujourd’hui considérée comme la seule lutte des travailleurs des secteurs concernés. Ces entreprises sont des patrimoines du pays, pour son développement. Il appartient à tout le peuple de les défendre contre les prédateurs et dilapidateurs qui veulent s’en accaparer avec les privatisations sauvages. C’est pourquoi, les usagers du Port, de l’Aéroport, du CNHU, doivent se lever pour la sauvegarde du patrimoine national mis en vente à vil prix dont les repreneurs sous des prête-noms sont et seront les mêmes personnes. Le port aux mains d’un privé, c’est l’entrée sans contrôle des intrants et engrais avariés, des déchets toxiques dans notre pays. Le PVI dans les mains de Talon et Boko Olivier, c’est l’augmentation des prix des produits importés suite à l’augmentation des taxes. La mise en concession du CNHU, c’est davantage de morts programmées des Béninois qui manquent de moyens pour des soins. Avec la dissolution de l’ONASA, c’est l’impossibilité aux pauvres de s’acheter pendant la soudure, du riz, du maïs, du sorgho, du mil, bref des produits agricoles de première nécessité, dont les prix ne cessent de grimper dans nos marchés.
La liquidation des entreprises du secteur du développement rural (SONAPRA, ONS, etc..) prive le pays d’organismes centraux pour la diversification et le développement de l’agriculture.
Le Président Talon et son gouvernement dans leur refus de faire rendre gorge aux fossoyeurs de l’économie béninoise, de poursuivre les mauvais gestionnaires connus de ces sociétés et offices et engager une lutte implacable contre l’impunité, la corruption, ont choisi la solution facile, celle de tout privatiser à leur profit et de celui de leur clan.
Libercom et Bénin- Télécom ont été mis en mal sous les scandales TITAN et autres. On connaît les scandales de milliards volés à la SBEE et SONEB par leurs Directeurs Généraux. On sait que ces Directeurs Généraux sont placés par clientélisme et népotisme.
C’est dire que les entreprises publiques peuvent être gérées sainement et atteindre des performances si les travailleurs élisaient et destituaient leurs responsables. L’OPT, Bénin-Télécom, CNHU, HOMEL, SBEE, représentent des piliers importants pour le pays et qu’on ne peut remettre dans les mains privées sans nuire gravement au sort des usagers, du peuple et du pays.
Pour toutes ces raisons, il nous faut agir. Ce n’est plus un soutien aux travailleurs des secteurs en lutte qu’il faut. C’est à nous tous de nous lever pour qu’on ne privatise pas le Port, le Cnhu et les autres secteurs vitaux et stratégiques de l’économie nationale.

Cotonou, le 28 Juin 2017.
Pour le CCGB
Le Président
Laurent METONGNON

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