Depuis que le monde est monde, l’Homme a toujours migré d’un point à l’autre du Globe, d’un continent à l’autre ou à l’intérieur d’un même pays. Et ce, qu’il soit seul, en famille ou en groupe.

Ainsi ont eu lieu et ont encore lieu des mouvements d’immigration des Européens vers les Amériques (Nord et Sud), et des Africains vers l’Europe.

Mais les mouvements les plus importants sont ceux qui se font à l’intérieur même de chaque continent, d’un pays à un autre.

Après les deux guerres mondiales, il a fallu reconstruire les économies des pays européens très affaiblies par les bombardements intensifs et les pertes immenses en vies humaines.

La tendance a été alors à l’importation parfois massive de main d’œuvre étrangère des pays du Sud pauvres et non développés, vers les pays du Nord, riches et développés.

Chaque puissance colonisatrice par signature d’accords bilatéraux puisait dans ses colonies, les bras vaillants nécessaires. Il en a été ainsi de la Grande Bretagne avec les pays d’Afrique anglophones ; la France avec les pays du Maghreb et des pays d’Afrique Noire francophones. C’est également le cas de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal avec les pays lusophones.

Des migrations libres en dehors de tout accord entre Etats, ont également eu lieu. Notamment vers les pays de l’Europe du Nord.

Dés le lendemain de la seconde guerre mondiale, soit 1945, jusqu’aux années 70, c’était la période faste où l’économie florissante des pays de l’Europe absorbait paisiblement les flux migratoires régulés.

Des organismes spécifiques étaient créés pour la gestion de ces flux. C’est le cas de l’Office National d’Immigration (L’O.N.I.) en France.

Mais le premier choc pétrolier intervenu en 1974 et la crise économique qu’il a induite a changé la donne quant à la politique d’immigration des pays européens.

Dans chaque pays, des Lois étaient votées pour freiner l’immigration et contenir les flux migratoires d’où qu’ils viennent.

La crise économique mondiale qui a frappé les pays d’Europe n’a pas épargné non plus les pays africains, dont les richesses sont pillées par les puissances colonisatrices avec la complicité active des gouvernements locaux.

La situation de ces derniers a été aggravée par les Plans d’Ajustement Structurel imposés à ces pays par le Fonds Monétaire International (F.M.I.) et la Banque Mondiale (B.M.). La ruine des économies des pays africains déjà faibles a entraîné de facto avec l’accroissement du chômage, l’accentuation de l’exode rurale à l’intérieur des pays et a accru le mouvement d’immigration de ces pays vers ceux du Nord, l’Europe en particulier.

La croissance économique des pays d’Europe qui a chuté en concomitance avec la crise économique mondiale peine à remonter.Le chômage engendré ne cesse d’augmenter. Il était devenu urgent pour les pays européens de stopper les flux migratoires.

C’est ce que la France a commencé en 1993 avec une Loi qui a modifié le code de la nationalité. Suivi du durcissement du regroupement familial pour les travailleurs immigrés.

Puis en 1994, des peines d’interdiction du territoire ont été ajoutées aux sanctions prévues pour certains délits commis par des immigrés. C’est la double peine.

La réflexion commune entre pays européens a abouti à une convention pour faire face à l’immigration. Ainsi, le 14 Juin 1985, 15 Etats européens ont créé et signé un « Code Frontières Schengen » qui est entré en vigueur en 1995. Une Convention d’application des accords de Schengen définit nettement un espace dit « Espace Schengen ».

Depuis le 21 Décembre 2007, 24 Etats européens en sont devenus membres, à l’exception de la Grande Bretagne et de l’Irlande qui n’ont pas signé cette convention. La Norvège et l’Islande n’étant qu’associées.

Tous appliquent les règles communes en matière de Visas, de Droit d’asile et de contrôles aux frontières externes, même si à l’intérieur de l’Espace Schengen, les contrôles frontaliers sont levés.

Le durcissement des contrôles aux frontières de l’Europe ne décourage pas les candidats à l’immigration.

Ils étaient deux (2) millions en provenance des pays d’Asie et du Sud-Est asiatique dont les Chinois et les Indiens en constituent les 5,5 %.

Les sept (7) millions d’immigrés nés en Afrique ne représentent que 9 % pour les 27 pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (O.C.D.E.) selon le rapport annuel de l’O.C.D.E. de 2007.

Ces chiffres n’englobent pas les nombreux immigrés clandestins qu’aucun organisme ne peut déceler ni comptabiliser.

Tous ces immigrés, quels que soient leurs pays d’origine doivent être traités comme des êtres humains et en tant que tels leurs Droits doivent être respectés.

Les privations de regroupement familial et autres mesures de discrimination à l’égard des travailleurs immigrés, ainsi que les centres de rétention aux conditions inhumaines pour les clandestins, constituent une violation des Droits de l’Homme que dénonce la Women International League for Peace and Freedom (W.I.L.P.F.) avec véhémence.

Ce fut le point de vue déjà exprimé dans un article publié en Mars 2008 au nom la Section Française de la WILPF.

Aujourd’hui, à la nouvelle crise économique qui a secoué les pays du monde en 2008 et dont les effets ne se sont pas encore estompés, il faut ajouter les conséquences dévastatrices des guerres infinies d’Afghanistan et d’Irak, celles récentes de La Côte d’Ivoire, de la Libye et du Mali depuis 2011, ainsi que celles en cours en Syrie et de l’Ukraine, sans compter celles larvées de la Centrafrique et de la corne de l’Afrique et de celles permanentes de la République Démocratique du Congo (RDC) qui fournissent régulièrement les candidats à l’immigration.

Et ce sont toutes ces situations qui contribuent largement à alimenter des flux migratoires clandestins faute de visas pour cause de verrouillage des portes de l’Europe.

Aujourd’hui en 2015 donc, non seulement rien n’a changé malgré les nombreuses mesures anti-immigration de l’Union Européenne, mais encore, les effectifs de migrants clandestins autrefois mensuels sont devenus journaliers.

Combien de temps faudra-t-il encore attendre de voir les immigrés venir se noyer dans la Méditerranée en accostant à Lampedusa ou se faire griller par électrocution dans l’Eurotunnel de Paris-Londres avant de comprendre et d’aborder la vraie solution ?

Les dirigeants des pays européens entendent-ils ou tout au moins lisent-ils seulement les analyses des Politologues, des Sociologues ou des Responsables d’Associations humanitaires qui n’ont de cesse d’attirer leur attention sur la question ?

Ces dirigeants croient-ils sincèrement que la construction de murs barbelés ou encore de haies humaines formées de Policiers et de Gendarmes constituent une solution durable pour endiguer les flots d’immigrés clandestins qui fusent de plus en plus de partout ?

Ne voient-ils pas un lien entre la situation économique des pays d’origine des migrants, déstabilisés et en feu avec la prolifération et la montée en puissance des groupes armés devenus entrepreneurs de violences de plus en plus mobiles à travers le monde ?

En tout cas, il devient plutôt urgent de s’attaquer aux causes réelles de l’immigration, donc d’arrêter le pillage des richesses des pays des migrants, de restituer les milliards de milliards de dollars dont ces pays sont spoliés afin de permettre leur réel décollage économique, l’éducation et l’apprentissage des jeunes, ainsi que la création des emplois qui permettent aux populations de vivre heureuses chez elles.

Il y va de la sécurité des pays d’origine des migrants, de celle des pays d’Europe, ainsi que des autres pays du monde.

Paris le 05 Août 2015

Mme Eugénie Dossa Quenum

Biologiste, Psychologue

Consultante en Gouvernance

Conférencière, Ecrivaine

Membre de la W.I.L.P.F.

Membre de Médecins Du Monde

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