CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE (CPFG)
PCB, CDP, PSD-Bélier, CSTB, FESYNTRA-Finances, UNSEB, UNAPEEB, ANADEC, ODHP, CCUMAB, CPCM, MFLPP
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FRANÇOIS HOLLANDE
EN TOURNEE DE RECONQUETE COLONIALE AU BENIN ET EN AFRIQUE.

Dans ses discours de campagne à l’élection présidentielle en 2012, François Hollande avait eu des accents qui pouvaient faire penser qu’avec lui des choses pourraient changer dans la politique coloniale de la France à l’égard de ses anciennes colonies d’Afrique. Des formations politiques telles que celles constituant le « Front de Gauche » qui ont aidé à son élection à la magistrature suprême en France, dans leur projet de société autour du Candidat Hollande militaient dans ce sens.
Il était question notamment pour ces partis de gauche qui ont soutenu la candidature de François Hollande au second tour « d’En finir avec le néo-colonialisme et la « FrançAfrique », de la « suppression des bases militaires françaises en Afrique » ; de « Rendre aux pays africains l’autonomie de gestion de leur monnaie, le CFA » etc. Et à ce propos la Direction du Parti Communiste du Bénin avait estimé « qu’une telle politique arrivée au pouvoir en France réconcilierait d’une part, la France (dans ses variétés) avec elle-même et d’autre part, avec les peuples que jusque-là elle a asservis, soit par la colonisation, soit par la néo-colonisation ».
Le Président Hollande lui-même une fois élu, déclarait lors de son tout premier déplacement en Afrique pour le sommet de la francophonie « Le temps de la FrançAfrique est révolu. Il y a l’Afrique, il y a la France, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique». Les peuples africains de Dakar à Kinshasa ont applaudi. Mais la Convention Patriotique des Forces de Gauche à travers son Président lui avait adressé une lettre en date du 15 Octobre 2012 en ces termes « la Françafrique ce n’est pas un simple mot ; c’est d’abord et avant tout, un réseau d’institutions et de personnes mises en place par la France Coloniale depuis les années 60 et commises à la tâche de maintenir dans le système colonial, les anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest et Centrale officiellement indépendantes… C’est dire que votre déclaration sur la fin de la FrançAfrique demeurera un vain mot ou une nouvelle tromperie des peuples africains tant qu’elle ne sera pas suivie immédiatement d’actes allant dans le sens du démantèlement du système colonial maintenu 52 ans après les indépendances ».
Trois ans sont passés maintenant. Quel bilan peut-on faire de la politique du Président français vis-à-vis de l’Afrique ?
Ces trois années déjà passées par François Hollande au pouvoir révèle deux choses :
1° A l’intérieur, l’application et le renforcement de la politique néolibérale, antisociale et pro-monopoles de la droite avec la révision officielle de la ligne du parti devenue « social-démocrate. »
2° : A l’extérieur, la poursuite et le renforcement de la politique de reconquête coloniale de l’Afrique avec la politique de la canonnière et le renforcement de la France-Afrique devenue Afrique-France sous la conduite d’un Lionel Zinsou.
Aucun des fondamentaux du Pacte Colonial n’a changé sous le pouvoir de Hollande. Au contraire ils se sont renforcés.

MAINTIEN ET RENFORCEMENT DU LEGS COLONIAL SOUS LE GOUVERNEMENT DE FRANÇOIS HOLLANDE
1°- Du point de vue de la langue : Dans toutes les Constitutions des anciennes colonies françaises « le français est la langue officielle. ». La langue française est la langue de l’administration tant centrale que locale ainsi que de la justice. Dans notre pays on va jusqu’à décider par la loi que même les chefs de village doivent « savoir lire et écrire le français » (Article 393 de la loi N° 2013-06 portant code électoral en République du Bénin). Conséquence : les trois quarts de la population sont maintenus hors de tout circuit administratif et formel.
2°- Du point de vue du système éducatif base de tout développement : le système éducatif (qui se déroule toujours dans la langue coloniale, le français,) dans son ensemble demeure colonial renforcé avec un maillage serré d’institutions de la francophonie (CAMES), avec des programmes calqués sur ce modèle (les NPE et le LMD). Le désastre de ce système se traduit par les échecs massifs à tous les niveaux, le chômage de la jeunesse, l’analphabétisme endémique et l’arriération continue du pays.
3° Du point de vue des sociétés commerciales : Le système commercial a été ripoliné à la sauce française avec l’OHADA, création de la CCJA pour sécuriser les capitaux français en Afrique francophone. Pour éviter de se soumettre aux juridictions nationales qui peuvent être chatouilleuses de la préservation du patriotisme à l’égard des entreprises étrangères notamment françaises. Comme si cela ne suffisait pas, l’impérialisme français a tenté dernièrement par la création d’un Barreau de l’OHADA de confier l’exclusivité de la défense de leurs intérêts aux avocats français. L’on sait quel tollé cela a soulevé et qui a fait bredouiller honteusement Mme TAUBIRA garde des sceaux et ministre de la Justice du gouvernement de Hollande à Yamoussoukro.
4°- Du point de vue judiciaire : Le système judiciaire ripoliné avec l’Ecole Régionale Supérieure des Magistrats (ERSUMA)
Cette Ecole de l’OHADA installée à Porto-Novo est l’Organisation d’une véritable méfiance à l’endroit des Ecoles Nationales de formation des Magistrats et dont la mission est de formater à la sauce française les magistrats formés dans les écoles nationales pour la répétition comme des perroquets des dogmes et préceptes français pour juger les justiciables africains.
5°-Du point de vue militaire : Le budget militaire de la France s’est accru ; les bases militaires se sont multipliées à la mesure des opérations d’interventions françaises en Afrique : Mali, Centrafrique, Tchad, Niger, etc. avec des noms comme « Opération Serval, Sangaris, Barkhane). Au total Hollande a effectué en trois ans, plus de déplacements colonialistes en Afrique que son prédécesseur Sarkozy en cinq ans.
Dans le dernier Rapport du Parlement français version du 09 Avril 2015 on lit ceci « Ainsi, selon les données budgétaires pour 2015, la France a tout d'abord budgétisé un total de 378,5 M€ au titre des OMP de l'ONU, dont 73,3 M€ au titre de la MONUSCO (RDC) ; 57,8 M€ au titre de la MINUSMA (Mali) ; 27 M€ au titre de l’ONUCI(Côte d'Ivoire) ; 25,4 M€ au titre de la MINUSCA (République centrafricaine), soit quelques 183,5 M€ pour les quatre OMP relatives à des pays d'Afrique francophone. Si l’on y ajoute le coût des opérations bilatérales engagées sur les crédits du ministère de la défense, l’avis budgétaire du Professeur Guy Teissier nous rappelle qu’en 2014 la France avait des effectifs d’OPEX s’élevant à 770 hommes en Côte d'Ivoire, 1 161 au Tchad (Épervier), 2 331 au Mali, 2 294 en République centrafricaine dans le cadre de Sangaris, auxquels s’ajoutaient 86 personnels affectés à l’EUTM Mali et 162 sur EUFOR RCA. Il relevait que les budgets initialement programmés à ce titre sont systématiquement sous-évalués et que les surcoûts sont considérables : 1,25 milliard en 2013, 1,13 Md€ en 2014. »

5°- Du point de vue monétaire : Le Franc CFA ou la plus grande arnaque au plan mondial.
« La zone franc et sa monnaie le franc CFA constituent le seul système monétaire colonial au monde à avoir survécu à la décolonisation. La mise en place progressive de ce système est le résultat de choix stratégiques de la France mettant l’entreprise de colonisation au service des intérêts économiques français. Les monnaies africaines sont supprimées et des banques privées appartenant aux colons mais contrôlées par la France sont créées… Cinquante ans après les indépendances, la politique monétaire de la zone franc reste donc décidée par la France en fonction de ses intérêts propres.
Plus de cinquante ans pendant lesquels cette politique a été complètement déconnectée des vrais enjeux du développement africain tout en permettant à la France de contrôler économiquement et politiquement ses anciennes colonies au profit de son économie nationale, et au préjudice du développement des relations entre pays africains…. »
« Voici l'extrait du solde du compte courant extérieur pour quelques pays d'Afrique de l'Ouest visible par tous sur le site de la banque de France (en 2010):
Solde du compte courant extérieur auprès de la Banque de France pour l'année en franc CFA : ( En 2010)
Bénin : 733 milliards FCFA = 1,11 milliards d'euro
Burkina faso : 659 milliards FCFA = 1 milliard d'euro
Côte d'Ivoire : 4563 milliards = 7 milliards d'euro
Guinée Bissau : 97 milliards = 147 millions d'euro
Mali : 984 milliards = 1,5 milliards d'euro
Niger : 445 milliards = 678 millions d'euro
Sénégal : 2336 milliards = 3,5 milliards d'euro
Togo : 823 milliards = 1,25 milliards d'euro
Notez bien, à titre d’exemple pour comprendre le mécanisme, lorsqu'un pays comme la Côte d'Ivoire vend du cacao pour un million de dollar US aux Etats-Unis, les Etats-Unis donne 1 million de dollars au trésor français et celui-ci garde 65 % (la part de la Banque de France) et donne 35 % à la BCEAO. Voilà la triste réalité que nous vivons tous et chacun des Pays de la zone de l’UEMOA ! »
En 2010, le Bénin, malgré sa pauvreté avait une réserve de devises auprès du Trésor français (qu’il ne peut toucher) équivalente à plus de 700 milliards de CFA ; tandis que la Côte d’Ivoire en guerre en avait une équivalente à plus de 4550 milliards de CFA, somme que la France cyniquement passe encore – (à travers les banques commerciales) aux pays africains avec intérêts.

II - LA RECOLONISATION ECONOMIQUE.
Face à la concurrence rude que lui mènent les pays comme la Chine, l’Inde, la Turquie, le Brésil sur le continent africain, l’impérialisme français resserre son étau sur son pré carré africain. Il s’agit d’une véritable guerre économique que l’impérialisme français livre aux pays africains. Les instruments de cette guerre sont les grandes entreprises françaises comme Bolloré, Castel, Bouygues, Areva, Total, etc. pour la préservation des intérêts colonialistes au détriment des peuples africains. Aujourd’hui, selon toujours le Rapport, Bolloré gère quatorze « grands ports africains ». Cette recolonisation économique – pour se maintenir face à des puissances à force plus grande telle la Chine se double d’une recolonisation politique.
Conséquence de cette politique de rapine à l’égard des pays africains (anciennement colonies françaises) la plupart des pays les plus pauvres ou PMA d’Afrique sont francophones (Cf. Projet de rapport parlementaire français cité plus haut). « Les pays d'Afrique francophone sont parmi les moins développés. Près de soixante ans après les indépendances, les pays d'Afrique francophone restent en queue de peloton». Conséquence de cette politique ruineuse contre les peuples africains, un pays comme le Ghana « dont les caractéristiques intrinsèques ne sont sans doute pas fondamentalement différentes de celles de la Côte d'Ivoire, a un PIB de 48 Mds$ » pendant que la Côte d’Ivoire affiche un PIB de  31 Mds$ » (Rapport cité). 

LA VISITE DE HOLLANDE AU BENIN, UNE VISITE D’INSPECTION COLONIALE.
La visite du Président français dans notre pays du 1er au 2 juillet 2015, au regard des éléments décrits ci-dessus, revêt une seule signification : celle de l’inspection d’un colon dans son « ranch » africain. Toute la presse nationale et internationale le souligne : la visite du Président français dans notre pays n’est que l’expression de la satisfaction du Seigneur d’avoir tout obtenu du « Gardien » des lieux, qu’est YAYI Boni qui a tout cédé aux intérêts français depuis son accession au pouvoir en 2006.
Le pouvoir de YAYI Boni a été conquis grâce à Bolloré qui selon toutes les sources a débloqué treize milliards de CFA pour acheter le ralliement des autres candidats malheureux à sa cause face à Houngbédji en 2006. Depuis lors, tout prouve l’existence de ce marché au vu de toutes les faveurs dont bénéficie l’entreprise Bolloré dans notre pays sous YAYI Boni. Le Port, la boucle ferroviaire arrachée à notre compatriote Dossou Samuel et ce en dépit d’un contrat formel signé avec celui-ci auparavant.
SOUS YAYI BONI LE BENIN REVET UNE CARACTERISTIQUE DE TYPE COLONIAL.
Le rapport de l’Ambassade de France à Cotonou année 2012 (Cf. Agenda 2012) est sans ambigüité :
1°- Les Entreprises françaises contrôlent toute l’économie béninoise : « La France matérialise sa présence par de grands groupes tels que : Bolloré Africa Logistics, CFAO Motors, SGBB, BIVAC International (Bureau Veritas), Air France, SOGEA SATOM, SCB-Lafarge, DELMAS CMA-CGM, ACCOR, COLAS, CASTELS, AGS, BENIN EQUIPEMENT… »
Rappelons déjà qu’avec le contrôle du Franc CFA et le démantèlement de toutes les banques publiques, la France contrôle sans partage tout le secteur financier.
2°- « L’Agence Française de Développement –AFD (Organisme public) « Intervient dans trois secteurs prioritaires concentrant l’essentiel des subventions allouées et contribuant à des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Il s’agit de l’éducation, du développement rural/sécurité alimentaire et des infrastructures… ».
3° « Le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC). Le SCAC est un service de l’ambassade de France dirigé par un Conseiller de Coopération et d’Action culturelle. Il est appuyé par 13 assistants techniques mis à la disposition des autorités béninoises pour servir dans les structures nationales ou auprès d’organismes étatiques. Ils œuvrent notamment dans les domaines suivants : recherche agronomique, enseignement supérieur, douanes, impôts, décentralisation  et déconcentration ».
Ainsi nos Régies financières notamment les douanes et les impôts sont étroitement sous la surveillance « d’experts français » qui contrôlent nos recettes et en font les rapports réguliers à l’Elysée.
4° Au plan de la sécurité, nos services de sécurité (gendarmerie, police) sont sous le contrôle du «  Service de Sécurité Intérieure  (SSI) » français dirigé par « l’Attaché de Sécurité Intérieure (ASI) qui représente au Bénin la Direction de la Coopération internationale du Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration créée le 27 Août 2010. Il s’occupe de « la formation de la police judiciaire, la police technique et scientifique, de la formation des cadres au sein des écoles et sur la plate-forme aéroportuaire, les techniques d’investigation, la recherche et le traitement des renseignements, la protection rapprochée des personnalités, la sûreté aéroportuaire et le maintien de l’ordre ». Ainsi deux officiers de police français interviennent au sein de l’Ecole Nationale de Police (ENP) et de l’Ecole Nationale Supérieure de Police (ENSP) béninoises et sur la plate-forme aéroportuaire à Cotonou, tandis que deux officiers et un gradé supérieur de gendarmerie français animent le Centre de Perfectionnement de Police Judiciaire (CPPJ) de Porto-Novo ».
5° Au plan de la mission de la défense au Bénin.
« La mission de coopération militaire forte de 14 Officiers et Sous-officiers de l’armée de terre, de la Gendarmerie et de la marine nationale contribue à la consolidation de l’Etat de droit » par la formation des « cadres des forces armées au sein des écoles de formation - l’Ecole Nationale des Officiers (ENO), l’Ecole Nationale Supérieure des Armées (ENSA) et l’Ecole Nationale des Sous-officiers (ENSO) - . La sélection des élites militaires dans le cadre d’une préparation à l’enseignement militaire supérieur et l’appui au diplôme d’Etat-major, ouvert à 6 pays africains francophones » (Source : Agenda 2012, Ambassade de France à Cotonou).
Avec un tel quadrillage systématique de notre économie, de notre administration tant civile que militaire que reste-t-il de notre souveraineté et de notre indépendance ? Notre pays a opéré un recul sérieux ces dernières années.
LA NOMINATION DE LIONEL ZINSOU EST UNE AGRESSION CONTRE NOTRE PEUPLE.
Tous ces intérêts français nécessitent d’être protégés. Les agents béninois pro-français peuvent manifester des velléités d’indépendance à l’égard de la « mère patrie ». Et comme on n’est mieux servi que par soi-même, il faut la présence physique d’un Administrateur colonial français qui a le bonheur d’avoir quelque racine avec le Bénin : la nomination de Lionel Zinsou en tant que premier Ministre de Boni YAYI représente dans son contenu la nomination d’un Gouverneur pour la nouvelle Colonie du Bénin, pour la protection des intérêts des Bolloré, Bouygues, Lafarge, Castel au Bénin et constitue donc une véritable agression contre notre peuple. C’est le débarquement, nouvelle formule, du colonel Dodds pour vaincre Béhanzin.
Les peuples vivant sur ces terres appelées aujourd’hui République du Bénin ne peuvent accepter un tel affront contre leur dignité et souveraineté ainsi que contre leurs héros nationaux que sont Béhanzin, Bio Guera, Kaba, Kpoyizoun, Toffa, etc.
Non à la reconquête colonialiste française !
Non au Franc CFA sous giron français !
Vive la Patrie béninoise libre et indépendante !
Cotonou, le 30 juin 2015
Philippe NOUDJENOUME
1er Secrétaire du Parti Communiste du Bénin
Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche

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