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*La Flamme N°389 du 19 février 2021, Organe Politique du PBC.*

*EXTRAIT👇👇*

*DES PORTEURS NAIFS DES PRINCIPES DEMOCRATIQUES FACE AU DEFI DU PATRIOTISME.*

I- Des positions de principe.

Depuis qu’ont commencé la précision de nos positions programmatiques et concomitamment la critique des programmes de nos « alliés » de l’Opposition, des voix récriminatoires ont commencé à se faire entendre ; d’abord de manière sourde, puis de plus en plus ouverte. En fait, de quoi se plaignent les « pro-alliances » démocratiques anti-Talon et en quels termes cela s’exprime ? « Non, soyons unis ! » ; « C’est ensemble que nous gagnerons ! » « Aucun parti seul ne peut renverser l’autocratie » ;« Vous faites le jeu de l’autocrate » etc…

 

Ces vues proviennent de bon nombre de citoyens même de bonne foi, décidés, face à la politique ruineuse et sans cœur du pouvoir de la Rupture qui sème désolation, famine et destruction des libertés élémentaires dans le pays, à en découdre avec lui coûte que coûte ; prêts à tout avaler pourvu que Talon s’en aille. Mais face à ce qui peut apparaître comme une véritable opération de dol contre le peuple, exprimée en programme comme celui du parti « Les Démocrates » en ce moment, tout homme politique attaché aux intérêts du peuple se doit de réagir sous peine de complicité coupable.

La dernière critique donc du programme du parti « Les Démocrates » dans l’organe politique « La Flamme », livraison numéro 388 intitulé « Les vendeurs du vent pour un retour au pouvoir des enragés de la FrançAfrique » a sûrement constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les protestations ont été les plus fortes.

Nous allons ici rapporter une observation relevée sur un forum parce qu’étant l’une des plus expressives, l’une des plus théoriques qui soit.

On lit ceci : « Mais il faut qu’à un moment donné on montre suffisamment de la cohérence et de solidité pour distinguer la contradiction principale des contradictions secondaires. A chaque jour suffit sa peine et il faut pouvoir établir des priorités au lieu de renvoyer dos à dos tout le monde. Pendant ce temps, c’est celui qui bénéficie de la puissance publique et qui a le monopole de contrainte qui consolide son pouvoir de nuisance. Additionner les forces qui vont dans le même sens que de se concentrer sur des soustractions et des querelles intestines… Il est maintenant établi qu’on ne peut pas faire de la démocratie sans démocrate et sans esprit démocratique…La démocratie représentative dans nos pays aux dimensions que l’on sait, ont l’humilité de reconnaître que les majorités changent d’avis, d’où l’importance de la liberté d’expression et de débat démocratique » (Groupe WhatsApp CPCM 13 Février 2021)

Sans relever et montrer le ridicule qui consiste à penser et dire que la critique des opinions ou des programmes des autres (du parti ‘’Les Démocrates’’ par exemple) serait contraire à la démocratie, les questions essentielles que soulèvent ces observations sont à la fois d’ordre théorique et pratique. Revenons à leurs propos. « Mais il faut qu’à un moment donné on montre suffisamment de la cohérence et de solidité pour distinguer la contradiction principale des contradictions secondaires ». Cette question est d’importance en effet.

La plupart des intellectuels africains, béninois en particulier, formatés dans les écoles et instituts euro-américains dissertent sur des théories et principes démocratiques sans analyser leur ancrage concret et préciser dans quel pays. Des exemples sont souvent donnés pour servir de raison. On parle de « vieilles démocraties » ou « dans les démocraties représentatives » « on fait ceci, on fait ça » et cela sans nous dire dans quel contexte étatique cette démocratie s’exerce et quelles sont les conditions de sa naissance et se son instauration.

Ce qu’il faut savoir, c’est que dans les pays que l’on nous cite (France, Angleterre, Etats-Unis etc.), avant les révolutions bourgeoises démocratiques (1688, 1776, 1789) il existait déjà l’Etat, avec ses attributs : langue, monnaie, attributs de souveraineté tant intérieure qu’extérieure etc. Autrement dit, l’Etat préexiste à la démocratie. Dans ces pays, la démocratie a une histoire postérieure à celle de l’Etat.

Depuis au moins un an, nous avons au niveau de notre Parti, le PCB, situé les choses dans leur priorité. A savoir que notre pays, le Bénin ensemble avec les autres anciennes colonies françaises d’Afrique, ne sont pas des Etats souverains avec tous les attributs que cela demande ; que ce sont des « Enclos français » d’Afrique. Que la Côte d’Ivoire n’a pas les mêmes statuts d’Etat que le Ghana. Que toutes les directives de gestion de la Côte d’Ivoire comme du Bénin se prennent de l’Elysée, ce qui n’est pas le cas des autres ex-colonies d’Afrique de colonisation britannique, ou autre. Que le patriotisme en même temps que la démocratie doivent être nos mots d’ordre de combat. Que l’on fait fausse route en négligeant l’un pour l’autre.

Il en découle que la démocratie béninoise tant vantée est la démocratie sans souveraineté du peuple et de l’Etat, la démocratie compatible avec les intérêts permanents de la France coloniale et du pacte colonial qui tient notre pays en laisse en semi-colonie. Autrement dit, la démocratie de prisonnier.

Tout cela le Parti Communiste du Bénin l’a écrit sous toutes les coutures ; ensemble avec d’autres partis et organisations au sein de l’Alliance Pour la Patrie(APP), ils se sont doté d’un programme. Mais bon nombre de nos lecteurs attachés à la démocratie, ou n’en ont pas perçu la portée ou sont des soutiens inconscients du maintien du pacte colonial.

II- Le cas concret du Bénin.

Le pouvoir de Patrice Talon peut se résumer en trois choses : gouvernance issue de la « Conférence nationale », destruction des libertés (dictature autocratique), accaparement du patrimoine national et appauvrissement plus approfondi des masses. Le socle étant la gouvernance issue de la « Conférence nationale et qui n’est autre chose que la mise en œuvre du pacte colonial de 1960, allant depuis 1960 jusqu’aujourd’hui, y compris celle du Renouveau démocratique issu de la Conférence nationale ; cela revêt des formes particulières : soit des « pouvoirs de démocraties de prisonnier » ou des dictatures autocratiques.

Entre le pouvoir de Talon et celui qui l’a précédé, notamment celui de Yayi Boni, il n’existe aucune différence de nature ; ce n’est qu’une différence d’approche de degré et de forme. Peut-on oublier qu’au temps de Boni Yayi, les organes de presse officiels (tel l’ORTB) étaient interdits d’accès aux opposants ? Qu’il avait lui aussi, en son temps, interdit la jouissance des libertés y compris les répressions violentes avec la fameuse expression « sang de mouton », des disparitions et des morts inexpliquées jusqu’aujourd’hui ?

Nous sommes d’avis qu’il faut que l’on s’unisse pour recouvrer les libertés fondamentales détruites par le pouvoir autocratique de Talon ; mais quid de la gouvernance notamment celle qui conditionne tous les autres paramètres, à savoir le pacte colonial ?

La question est d’autant plus sérieuse que le parti « Les Démocrates » ce n’est pas des nouveaux venus sur la scène politique béninoise et qui jouiraient du bénéfice du doute. Ce sont des gens et des équipes qui ont gouverné ce pays pendant dix ans et qui entendent revenir. Cela nécessite des préalables élémentaires : la reconnaissance des crimes du passé pour avoir le droit de solliciter de nouveau le suffrage des citoyens. Voilà des gens qui, il y a à peine 5 ans ont brimé les populations, pillé l’économie nationale, semé des scandales, ruiné le peuple, voilà donc ces gens qui, sans rien dire de ce passé, s’en vont avancer des idées fumeuses à titre de programme. Cela veut dire qu’ils veulent revenir pour refaire la même politique. Il s’agit là d’une vaste opération dolosive, de tromperie du peuple pour revenir au pouvoir et opprimer et exploiter le même peuple qu’ils appellent aujourd’hui au secours. C’est exactement comme le symbole de deux panthères qui se battent pour la possibilité de croquer une antilope. L’un, face à la puissance de l’autre, demande à l’antilope de s’allier à lui pour battre l’autre.

En conclusion, notre pays se trouve « face aux impasses ». Il faut transcender le présent et les « malédictions » du passé et ne pas choisir une voie qui nous ramène vers ce passé qui se présente comme une fatalité. Il faut emprunter hardiment une voie nouvelle, escarpée mais qui libère définitivement notre peuple de l’esclavage colonial qui perdure depuis plus de cent ans. C’est le défi du patriotisme.

*La Rédaction.

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