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CODIAM, le 30 décembre 2010

THEME : « FACE AU CHAOS ACTUEL, LA POLITIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE DU PARTI COMMUNISTE DU BENIN POUR L’EMANCIPATION DU PEUPLE ET LE DEVELOPPEMENT DU PAYS »


EXPOSE LIMINAIRE DU THEME

Il est évident que la présentation en une trentaine de minutes au cours d’une conférence de la politique économique et sociale du P C B pour l’émancipation du peuple et le développement du pays ne peut que se limiter aux motivations et aux mesures essentielles de cette politique. Il ne peut s’agir par conséquent que d’un exposé liminaire. Et ce d’autant que la mise en œuvre même de la politique économique et sociale du P C B se base sur les initiatives des classes et couches laborieuses, initiatives qu’elle vise à libérer, accompagner et renforcer.
Notre exposé se fera ainsi en trois parties.

La première décrira les fondements de notre politique économique et sociale.
La deuxième, les grandes mesures essentielles.
La troisième, le développement prospectif de ces mesures.


1.- FONDEMENTS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE DU P C B

Dès sa création en décembre 1977 sous la direction de Pascal FANTODJI, le Parti Communiste du Dahomey (P C D) aujourd’hui Parti Communiste du Bénin (P C B) s’est donné pour tâche l’étude toujours actualisée de la société béninoise dont il entend œuvrer à la transformation révolutionnaire. Les premiers résultats de ces études publiés dans des œuvres comme « REALITES ECONOMIQUES ET SOCIALES » Volumes I, II et III ont permis les conclusions ci-après.

1) Le Bénin est un pays multinational en ce sens qu’il est composé de communautés parlant des langues différentes véhiculant des cultures spécifiques sur des territoires connexes.

2) Toutes ces communautés que nous avons dénommées « nationalités » sont toujours dominées culturellement, politiquement et économiquement par l’impérialisme français qui avait colonisé le pays.

3) Le système économique mis en place par le colonisateur demeure dans ses grandes lignes avec une économie de traite : production et exportation de matières premières ; importation de produits manufacturés ; entraves à l’industrialisation ; domination monétaire et financière ; hégémonie linguistique, culturelle de l’ex-colonisateur.

Les peuples du Bénin n’ont pas la liberté de produire.

4) Les formations économiques sont :

a) Le capitalisme d’Etat.

b) Le capitalisme privé en deux composantes :

- Le capitalisme privé étranger bénéficie des avantages et de la protection des puissances étrangères.

- Le capitalisme privé national est désavantagé dans la concurrence face aux grandes entreprises extérieures et à leurs filiales dans le pays.

c) La petite production marchande prépondérante par la masse de la population concernée (paysans, artisans, petits commerçants).

5) Le capitalisme d’Etat est dominant et est aux mains depuis 1960 d’une haute-bourgeoisie bureaucratique et compradore qui le pille systématiquement et maintient les rapports de type colonial avec les puissances extérieures notamment françaises. D’où les crises cycliques financières de l’Etat.

En accord avec le capital étranger qu’il appuie et favorise, le capitalisme d’Etat entrave le développement du capital privé national notamment l’industrialisation du pays, maintient la petite production marchande à l’état végétatif (Confère le poids prépondérant de ce que l’on nomme « le secteur informel »). Le Bénin est donc un pays capitaliste arriéré du fait de ce poids prépondérant de la petite production marchande.

6) Cette situation maintient au niveau social l’analphabétisme, l’inculture, la morbidité, la faim et la misère.

7) La première transformation à laquelle tend la société béninoise dans son ensemble est celle de la libération des entraves qui bloquent les initiatives des producteurs pour le développement capitaliste accéléré du pays. C’est le fondement économique de toutes les luttes qui s’y déroulent : celles des paysans contre les taxes iniques et pour des prix plus rémunérateurs de leurs produits, pour des voies de desserte en bon état ; revendications d’augmentation des revenus des salariés pour un accès plus large à la consommation ; les combats des jeunes pour une instruction et une formation de qualité qui les rendent compétents, leurs luttes contre le chômage dans un pays où tout est à construire ; revendications des opérateurs économiques contre les rackets systématiques à tous les niveaux, contre l’élimination des opérateurs nationaux des secteurs porteurs notamment des marchés publics, les entraves et la cherté du crédit, la bureaucratie pesante, une fiscalité inadéquate, etc., bref, les revendications pour l’assainissement et l’amélioration du climat des affaires. Et pour tout le peuple la garantie des libertés contre l’arbitraire et les brimades.

Soit dit en passant, le pouvoir pseudo-révolutionnaire du PRPB-KEREKOU n’a pas supprimé ces entraves pas plus qu’il n’a instauré le socialisme dans le pays. Le socialisme procède, théoriquement et historiquement du capitalisme développé.

8) Alors, le rôle du P C B est d’œuvrer à la prise de conscience des producteurs nationaux (paysans, ouvriers, commerçants, bourgeois nationaux) de cet objectif de la révolution nécessaire à cette étape du développement de notre pays, de supprimer les entraves au déploiement de ces initiatives des producteurs nationaux pour le développement accéléré du capitalisme dans le pays.

Ce développement accroîtra nécessairement la masse et la concentration de la classe ouvrière, et favorisera sa prise de conscience avec le maintien de la ligne du Parti pour l’étape suivante de la révolution.

9) La politique économique et sociale du Parti Communiste du Bénin à cette étape vise donc la levée des entraves pour le développement accéléré du capitalisme dans notre pays et l’amélioration du sort des populations.

10) Cette politique économique privilégie la production nationale pour nourrir la population et satisfaire ses besoins sans cesse croissants et exporter. Alors le gouvernement des travailleurs et des peuples sera le commis expéditionnaire des opérateurs économiques nationaux pour leur approvisionnement en matières premières et la conquête des marchés à l’extérieur comme le font tous les gouvernements des pays développés.

11) Cette politique doit, dans sa mise en œuvre, d’une part prendre appui sur les valeurs et savoirs positifs de nos cultures et les développer, et d’autre part arrimer d’emblée notre pays aux secteurs les plus en pointe dans tous les domaines, ne serait-ce qu’aux derniers wagons de ces secteurs. Ceci résulte de notre lecture de la philosophie de développement qui semble enseigner que pour être viable, un être doit posséder les caractéristiques de son temps.


2.- LES GRANDES MESURES ESSENTIELLES

Pour le développement accéléré (nécessairement capitaliste à cette étape) de notre pays, il faut permettre et garantir aux producteurs nationaux le large accès à la connaissance, à l’information, au crédit, aux marchés. Il faut donc supprimer de façon énergique et déterminée les entraves à ces accès. Voilà pourquoi le programme économique et social du P C B prône les mesures suivantes.

1) Enrayer l’analphabétisme : Deux producteurs sur trois ne savent ni lire ni écrire (Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2002). Pour cela, une seule solution rapide et sûre, à savoir l’instruction dans nos langues. Cela est techniquement possible en cinq ans avec l’utilisation des instituteurs et intellectuels modernes de chaque nationalité.

Ce moment permet d’apprêter les manuels pour l’instruction des enfants à partir de leur langue maternelle.

2) Instruction des enfants après cette période jusqu’au CE2 dans les langues maternelles et l’introduction de l’enfant à partir de cet instant dans des langues étrangères. Ceci demande et appelle une disposition légale constitutionnelle. Toutes les langues parlées au Bénin sont langues officielles (comme aux U S A). Pas de privilège à une langue donnée dite officielle.

3) Accroître l’accès à l’instruction :

- Création d’une Académie des Lettres, Sciences, Arts.

- Création d’instituts de recherche de haut niveau et d’écoles supérieures dans tous les domaines possible, mais nécessairement en énergie renouvelable et durable (soleil) et en sciences cognitives et en génie logiciel.

- Aide à la recherche orientée sur les besoins et problèmes des producteurs nationaux.

4) Développer l’accès à l’information :

Avec la suppression de l’analphabétisme, réaliser l’informatisation de la vie du pays.

- Doter chaque quartier de ville et chaque village de deux ordinateurs au moins avec liaison à Internet, le tout interconnecté au niveau du pays.

- Même chose pour les établissements scolaires (secondaires et supérieurs), sanitaires, industriels et commerciaux.

- Organiser le recueil systématique et la centralisation dans des banques de données des informations relatives aux ressources humaines et matérielles, du sol, du sous-sol ainsi que du savoir et du savoir-faire collectif de la population.

- Maintien de Bénin-Télécoms dans le patrimoine national.

A ce propos, nous dénonçons l’acharnement du pouvoir de Boni YAYI à brader l’entreprise aux intérêts étrangers. Nous ne comprenons pas qu’on écarte systématiquement les acteurs nationaux avec la décision d’une majorité à un « opérateur technique étranger ». Avec les tripatouillages qui ont conduit à la déclaration de l’appel d’offre infructueux, nous appelons à la réunion de concertation entre les opérateurs économiques nationaux et des cadres de Bénin-Télécoms pour réfléchir et adopter une solution nationale au redressement et au développement de Bénin-Télécoms. Nous dénonçons par avance toute négociation de gré à gré avec des opérateurs étrangers ; cela sera considéré comme un crime économique.

Le P C B demeure opposé à la vente des entreprises publiques des secteurs stratégiques aux étrangers. Le secteur stratégique (énergie, port, télécommunications, finance) doit être aux mains de l’Etat (pour assurer le service public) et des privés nationaux afin d’aider les producteurs nationaux déjà faibles face aux grands monopoles étrangers.

5) Accroître l’accès au crédit : Création d’une banque d’Etat pour l’aide aux entrepreneurs nationaux et pour la promotion industrielle au Bénin. De façon particulière, appuyer les artisans dans la perspective de développement de grandes manufactures.

6) Combattre la corruption et le pillage des ressources publiques.

La corruption désavantage les producteurs nationaux face aux grands monopoles. Elle est un frein dans l’émulation des travailleurs. Sans le combat rigoureux et efficace contre ce fléau, il est difficile pour les producteurs nationaux de se développer.

Or, toutes les institutions créées au sommet ont toutes échoué. La seule solution viable est de mettre l’accent sur la lutte à la base. C’est à cet effet que le P C B préconise et encourage :

- L’élection et la révocabilité des directeurs techniques des entreprises et administrations publiques par les travailleurs et des délégués des usagers sur la base de critères de compétence et d’intégrité notamment.

- La publication régulière des audits des entreprises et administrations publiques.

- Le jugement des pilleurs de l’économie à qui il faut faire rendre gorge.

7) Libérer les initiatives des acteurs traditionnels :

- Reconnaissance des intellectuels traditionnels en tant qu’administrateurs et juges locaux (chaque village doit être doté de son tribunal de réconciliation).

- Reconnaissance par l’Etat des cliniques des tradithérapeutes.

- Reconnaissance par l’Etat des organisations de chasseurs pour la sécurité publique vu le rôle qu’ils jouent déjà.

8) Garantir les libertés politiques pour les travailleurs et les peuples :

- Jugement et sanction des auteurs de violation des libertés démocratiques.

- Imprescriptibilité des crimes économiques et politiques.

9) D’autres réformes sont certainement nécessaires comme celle de remembrement foncier pour le développement capitaliste large de l’agriculture. Mais, cette réforme qui prend pour base « la terre propriété éminente de l’Etat » ne peut se faire le moins douloureusement sans la reconnaissance au préalable du pouvoir aux mains des comités avec les intellectuels traditionnels de chaque village.

10) Il en est également de la question de la monnaie. L’histoire a laissé une monnaie, le franc CFA, (survivance coloniale et sous-multiple de l’Euro) en commun avec treize autres pays d’Afrique. Des discussions se font avec les autres pays de la CEDEAO pour une monnaie commune. Le P C B estime qu’un gouvernement des travailleurs et des peuples devra aider à l’accélération des pourparlers avec les autres pays de l’UEMOA, de la CEDEAO et de l’Afrique Centrale pour une monnaie commune indépendante du Trésor français.

Au plan social :

- La suppression des taxes iniques qui frappent les pauvres (taxes de marchés, contributions scolaires, etc.)

- Création de conservatoires et de musées régionaux et nationaux.

- Création de théâtres régionaux et d’un théâtre national.

- Lutte contre le chômage :

Ici, il s’agit de résoudre le paradoxe d’un pays où tout est à construire et où la jeunesse est au chômage. C’est dire qu’il faut plutôt parler ici d’un devoir de travail. L’ouverture de grands chantiers d’Etat et communaux à haute intensité de main-d’œuvre permet de procurer de l’emploi qui s’étendra avec l’industrialisation du pays.

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