Index de l'article


10ème Communication

Nature des révolutions sociales actuelles

et signification de la période de transition

Par Philippe NOUDJENOUME



I. L’époque actuelle est celle des révolutions prolétariennes.


La nature d’une révolution est déterminée par la contradiction que cette révolution est amenée à résoudre. Cette contradiction elle-même est déterminée par le mode de production existant ou ce qui revient au même par la formation économique et sociale existante. Dans une formation sociale chevauchent généralement plusieurs formations économiques dont une qui est dominante et qui confère à cette formation sociale son caractère. Depuis l’avènement de l’impérialisme en tant que stade suprême du capitalisme fin 19ème début 20ème siècles, le capitalisme est devenu le mode de production dominant partout sur la planète. La formation sociale capitaliste est caractérisée par le caractère social de la production et sa capacité illimitée et l’appropriation privée des moyens de production ainsi que de la production. Ce qui explique qu’existent des biens produits en quantité surabondante alors que la majorité des hommes sur la planète sont privée de moyens d’existence décents. D’ou les crises alimentaires, financières, de logement, etc. Cette contradiction fondamentale se peut se résoudre que par la révolution assumée par le prolétariat contre la bourgeoisie, la révolution socialiste avec le passage du pouvoir d’Etat des mains de la bourgeoisie dans celle du prolétariat et des autres couches laborieuses. Le pouvoir socialiste rétablit le caractère social des moyens de production en supprimant progressivement la propriété privée des moyens de production.

La question essentielle de la révolution étant celle du pouvoir, avec quels instruments le prolétariat et les autres couches laborieuses peuvent conquérir et exercer le pouvoir d’Etat ? Ce problème a trouvé sa solution avec la Commune de Paris, généralisée par les soviets de Russie et de l’URSS. Les soviets constituent la forme d’Etat du prolétariat et des couches laborieuses.

Avec le capitalisme devenu système d’exploitation mondiale du prolétariat et des peuples s’ouvre l’ère des révolutions prolétariennes pour le du passage du capitalisme au socialisme sur la planète et de la constitution de la République Mondiale des Soviets. Et cette ère a été inaugurée avec la Révolution Soviétique d’octobre en Russie en 1917. Désormais toute révolution pour mériter ce nom devra être dirigée par le prolétariat.


II. Nature des révolutions sociales actuelles.


Par suite de la loi du développement inégal du capitalisme, celui-ci n’a pas atteint le même niveau sur toutes les sphères de la planète. Du fait de ce développement inégal et de la domination impérialiste, les contradictions que chaque société a à résoudre sont différentes et les révolutions ne sont pas de la même nature. La durée ainsi que les formes de passage du capitalisme au socialisme seront différentes et variées. De ce fait, les soviets sont différents, et de deux types : les soviets de pays développés et les soviets de pays arriérés.

En observant le monde actuel, on se rend compte aisément que certains pays comme les Etats-Unis, ceux d’Europe de l’Ouest, le Japon, etc. sont très développés et dominent les autres sous plusieurs formes (politiques, économiques, culturelles, linguistiques) ; d’autres comme le Bénin, le Mali, la Côte-d’Ivoire, l’Afghanistan, ou le Costa Rica, etc. sont des pays dominés à capitalisme arriéré.

Dans les pays capitalistes développés, du fait du niveau extrêmement élevé des forces productives et de la production sociale, la révolution est de nature socialiste. Les soviets à ériger sont des soviets de type socialiste. Dans les pays capitalistes dépendants et néocoloniaux du fait de l’oppression des peuples et de l’existence dans ces pays de vestiges plus ou moins importants de formations économiques précapitalistes (féodales, esclavagistes, petite production marchande prépondérante, etc.), la nature de la révolution est nationale, démocratique, populaire et anti-impérialiste ( RNPDA). Les soviets ici sont de ceux de pays arriérés pour une période plus longue de transition au socialisme.

Telle est l’étape actuelle de la lutte révolutionnaire de notre pays, le Bénin. Le Bénin, pays intégré au système capitaliste mondial par la colonisation française est un Etat néocolonial, à système capitaliste arriéré,, dominé par l’impérialisme français. Celui-ci contrôle non seulement l’appareil politique et administratif du pays (avec la haute bourgeoisie qui est son appendice fidèle à la tête de l’Etat) mais encore les leviers stratégiques de l’économie : la monnaie, les banques, les assurances, le port, les télécommunications, etc. ; et aussi tout le secteur culturel, intellectuel et linguistique avec l’oppression systématique de nos cultures et langues. Tout cela constitue des obstacles au franc développement des forces productives au Bénin avec la persistance des vestiges de formations économiques précapitalistes et de pratiques patriarcales de dépendance personnelle ainsi que les représentations idéologiques qui leur correspondent.

En réalisant cette tâche démocratique, nationale et anti-impérialiste avec liquidation des vestiges précapitalistes, la RNDPA (révolution bourgeoise réalisée sous la direction du prolétariat) fraiera la voie de passage au socialisme.


III. Signification de la période de transition

La révolution démocratique accomplie sous la direction du prolétariat dans un Etat capitaliste arriéré, semi-féodal ou néocolonial, ou simplement dépendant ne peut déboucher directement et aussitôt au socialisme. Il y une période dont la durée sera fonction de l’importance des taches démocratiques et populaires à réaliser pour un large et rapide développement des forces productives pour le passage au socialisme. Cette période est dite période de transition, ainsi caractérisée par Lénine pendant laquelle il faut une politique économique particulière. Cette période fut connue avec la NEP (Nouvelle Politique Economique) des Bolcheviks sous la conduite de Lénine en Russie Soviétique de 1920-1924.

Au lieu de cette compréhension, les impérialistes américains en particulier ont tenté d’y substituer une autre. Celle de passage d’un Etat despotique ou « totalitaire » à la démocratie pluraliste. Et le modèle de cette démocratie est selon eux, le système américain. Les exemples donnés sont les transformations qui se produisirent en 1989-90 en Europe de l’Est avec les ex pays socialistes et sur celles sur les autres continents en Amérique latine et en Afrique. La semi-révolution de 1989 dans notre pays obtint aussi cette appellation.

Les exemples pris en compte ne sont nullement ceux du passage d’une formation économique et sociale à une autre, mais ceux de passage d’une forme d’Etat capitaliste vers une forme d’Etat capitaliste considéré comme niveau suprême, le modèle américain en occurrence. Les conditions d’avènement de ces exemples ne sont pas des conquêtes du pouvoir par le prolétariat et des couches laborieuses pour le passage révolutionnaire au socialisme, mais plutôt la substitution d’une bourgeoisie bureaucratique par une autre au pouvoir parfois à la faveur des luttes populaires. Ensuite, les Etats-Unis où demeurent des réserves des amérindiens, où les partis communistes sont interdits, où les révolutionnaires accusés de communisme sont interdits de séjour, tel un Nelson Mandela jusqu’à ce jour car accusé d’être communiste avec l’alliance de l’ANC avec le Parti Communiste d’Afrique du Sud dans la lutte contre l’apartheid, les Etats-Unis ne peuvent être un modèle en matière de démocratie. Ne parlons pas des abominables crimes de la grande bourgeoisie américaine à travers le monde.

La signification de la transition telle voulue par les américains qui exclut les notions de classes et de luttes de classes est anti-scientifique et vise des objectifs d’asservissement des peuples. La seule signification scientifiquement juste de la transition est celle de Lénine et caractérise la période de passage du capitalisme au socialisme.



11ème Communication

Programmes de l’INIREF

Par Hounkpati B. C. CAPO


1.

Pour l’INIREF, un programme d’instruction est vu comme un moyen devant contribuer à la libération de plus en plus étendue de l’homme. Il est donc conçu conformément à cette fonction. Ainsi les travaux menés jusque là par l’INIREF l’ont amené à mettre en œuvre trois programmes : un programme du premier cycle visant l’introduction de la plus grande masse à l’instruction pour permettre l’émancipation des travailleurs, des jeunesses et des peuples ; un programme du second cycle visant l’instruction d’une grande majorité et un programme du troisième cycle visant une minorité et ayant pour fonction la formation à la recherche.

2.

Le programme du premier cycle, avons-nous indiqué, a pour fonction d’introduire la plus grande masse (aujourd’hui faite d’adultes analphabètes dans la plupart des pays africains) à l’instruction. Il s’ensuit que l’instruction est ici administrée dans la langue maternelle des adultes concernés et est organisée par nationalité. Le programme vise la totalité des adultes, c’est-à-dire les personnes de plus de 15 ans, pour leur administrer un cursus général que nous avons défini comme une introduction aux humanités (INIREF) dont le contenu est ainsi libellé :

1. Systèmes d’information et système INIREF

2. Unicité du genre Homo en une seule espèce

3. Brève histoire des peuples

4. Hygiène et secourisme

5. Alphabétisation

Ce cursus permet d’introduire la rationalité dans ce que connaît déjà un adulte analphabète d’une nationalité dans sa pratique quotidienne et son expérience professionnelle. Ainsi l’étudiant du premier cycle n’est pas seulement un apprenant ; il est aussi lui-même instructeur dans son domaine d’activité professionnelle. Le libellé de certains cours comme « Système d’information et système INIREF », « Unicité du genre Homo en une seule espèce », « Brève histoire des peuples du Bénin », « Hygiène et secourisme », « Alphabétisation » montre bien que l’adulte a déjà des connaissances qu’il s’agit de consolider et d’approfondir, et au besoin corriger et rationaliser. Dans le contexte béninois, l’étudiant du premier cycle, citoyen d’un pays arriéré, prend conscience du fléau que constituent l’analphabétisme et l’illettrisme et se bat pour sa libération et son émancipation. L’introduction aux Humanités INIREF est donc un ensemble de cours flexibles qui aguerrit les adultes analphabètes pour continuer les combats contre l’impunité des crimes politiques et économiques, contre les fraudes politiques et pour l’érection politique d’emblée de toutes les langues nationales à la hauteur des supports du discours scientifique au dernier cri, éléments de contrats de combat qui constituaient leur concours d’entrée au premier cycle de l’Université Populaire au label INIREF.

3.

Le programme du second cycle a pour fonction d’assurer l’accès du maximum de gens d’un pays à un savoir national et universel de haut niveau, ce que nous avons appelé au Bénin les humanités universelles. Vu sous cet angle et dans des conditions historiques précises, les humanités universelles peuvent être dispensées dans une langue autre que la langue maternelle de l’étudiant, pourvu qu’il sache s’en servir aisément. Voici ce qu’il en est :

1. Langues et épistémologie

2. Calcul, métrologie et représentation de l’information

3. Méthodes philosophiques

4. Comment approfondir la connaissance de sa langue.

Une personne qui sort du second cycle est une personne déjà instruite puisqu’elle maîtrise les connaissances générales cumulées à partir du vécu des peuples du monde entier et des résultats acquis par la science au dernier cri. Dans le cas de l’INIREF Bénin, un enseignement comme « Langues et Epistémologie » approfondit le segment du paradigme qui parle de la richesse et de l’équivalence de toutes les langues naturelles, ainsi que celui qui parle de l’épistémologie sans cesse rationalisée. Et comme l’épistémologie traite des sciences, on assiste à une élévation du niveau d’appréciation de la science en général, des rapports entre les sciences particulières et de l’émergence des sciences nouvelles. Un enseignement comme « Calcul,métrologie et représentation de l’information » approfondit un autre segment du label, celui qui parle de l’identification, du traitement, de la représentation et du stockage de l’information et du signal ; il sensibilise aussi ces adultes à la mesure et à la précision dans la mesure, indispensable pour l’émancipation des artisans. Un enseignement comme « Méthodes philosophiques » permet d’introduire ces adultes à la logique formelle, à la dialectique, voire au matérialisme dialectique. Etc. On voit bien que tout en élargissant les horizons de ces adultes, le programme du second cycle les propulse au cœur des réalités mondiales. Non seulement ils acquièrent des connaissances générales solides, mais encore ils participent dans la pratique au test de l’universalité de ces connaissances.


5. Le programme du troisième cycle a pour fonction de former un groupe, nécessairement restreint, de scientifiques de haut niveau qui ont comme responsabilités de pérenniser la recherche, de créer de nouvelles connaissances ou de découvrir des choses nouvelles, de retrouver des découvertes anciennes et de les mettre à jour pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli, etc. Dans les conditions historiques actuelles, le programme du troisième cycle est conçu pour un ensemble de pays africains, et orienté d’emblée sur les sciences cognitives et la robotique. Nous privilégions les sciences cognitives d’autant que la cognition est mise en corrélation avec les questions linguistiques, psychologiques, ethniques, nationales, économiques et sociales. Nous mettons un accent particulier sur la robotique parce que la libération complète de la personne humaine commande qu’elle se décharge des travaux les plus fastidieux, les plus durs et les plus dangereux sur les robots. Ainsi les enseignements et les recherches sur la programmation informatique, le génie logiciel et la robotique permettent de concevoir des robots qui feront de plus en plus des travaux humains avec un minimum de risques. Ainsi avec des robots qui s’occupent d’un certain nombre de travaux domestiques, une femme se libèrerait davantage des travaux de ménage et peut trouver plus de temps à s’instruire pour une meilleure aide à l’instruction des enfants et à l’épanouissement de la communauté. On peut concevoir des robots sapeurs pompiers en matière indestructible par le feu, les hommes sapeurs-pompiers étant libérés des souffrances physiques et non exposés à des dangers mortels ; etc.

L’organisation pratique de ce troisième cycle exige des chercheurs des pré requis qui consistent en la mise en œuvre et applications des programmes du premier et du second cycles, ce qui devrait aboutir à la traduction des textes de ces cours en la langue maternelle de l’étudiant chercheur. De même pour avoir sa qualification de docteur, l’étudiant chercheur est astreint à la rédaction d’une thèse qui, au départ, serait la traduction en sa langue maternelle des cours de DEA.

Au total, avec les programmes de ces trois niveaux, on a une formation complète qui, administrée, propulserait un peuple arriéré dans la modernité. On aurait un peuple cultivé, très cultivé même, qui, en martelant son NON au « consentement » pour lequel travaille la grande bourgeoisie, se forge la voie de son émancipation à travers une programmation hautement révolutionnaire et internationaliste.

Compteur de visiteurs

Please install plugin JVCounter!

Votre calendrier

mai 2024
lmmjvsd
12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031