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8ème Communication

L’instruction nécessaire des peuples :

l’INIREF et sa généralisation en Afrique

Par Denis SINDETE


Si le rejet du "consentement" est une forme nécessaire du progrès social et de l’émancipation des peuples, l’instruction apparaît comme une des conditions essentielles pour la consolidation de cette émancipation et du progrès social. Telle est la base conceptuelle de l’enseignement dispensé par l’INIREF aux nationalités via les universités populaires et les autres cadres de formation que le cours des choses impose.

Et c’est pourquoi on apprend aux peuples quelles sont les avancées et quelles sont les questions ouvertes dans la théorie universelle de l’homme ainsi que dans tous les autres domaines de la science. Comment ces avancées consolident l’assertion de l’unicité du genre Homo en une seule espèce animale sociale. Comment il en découle que "cette espèce doit se manifester avec le développement de toutes ses variétés qui font sa spécificité" ; elle doit se manifester avec le développement de ses différentes langues avec leurs parlers. Comme il va sans dire, l’espèce humaine doit veiller à ce que les langues meurent peu, que chaque langue devienne le support du discours scientifique au dernier cri, que chaque langue passe par tous les canaux de diffusion existants (Internet, Presse écrite, Presse parlée, audiovisuelle, etc.…) et qu’il soit loisible à chacun de pouvoir s’instruire en sa langue maternelle pour accéder plus aisément à toute autre langue et au savoir dans son intégralité. Voilà ce qui est généralement admis aujourd’hui et que l’ONU et ses institutions spécialisées telle l’UNESCO donnent comme directives à tous les peuples à travers les recommandations et autres institutions de journées ou année internationales des langues maternelles ou nationales.

Cette synthèse illustre bien les observations où des individus transplantés hors de leur terroir ont été capables d’apprendre dans des langues autres que leur langue maternelle propre. Ainsi l’histoire humaine a-t-elle connu de grands hommes de culture comme Pouchkine qui, éthiopien de naissance, n’a pas moins contribué dans son pays d’adoption à la description et au rayonnement de la langue russe. A l’opposé, on a des situations de gens à qui il a été imposé de force de devoir s’instruire dans les langues du colonisateur. De nombreux pays africains se sont retrouvés dans cette situation qu’on tente de pérenniser à travers des institutions impérialistes du genre de la Francophonie par exemple, en ce qui concerne les pays anciennement colonisés par la France comme le Bénin. Il en a résulté la formation de lettrés et d’intellectuels culturellement extravertis et déconnectés de leur milieu social où règne l’analphabétisme pour la grande masse des citoyens.

L’émancipation des peuples est incompatible avec cet état de choses et l’INIREF en a tiré toutes les conséquences pour son aide à l’instruction.


1. Que fait l’INIREF en matière d’instruction des peuples

Dès 1999, soit 2 ans après sa fondation, il a senti la nécessité de mettre en place les universités populaires (UP) par nationalité en vue de l’instruction des adultes à partir de leurs langues maternelles. Evidemment, on est obligé de tenir compte du précédent historique indiqué plus haut. Alors, les cours conçus pour le premier et le second cycles des UP le sont en français à charge pour les responsables des sections de nationalité et les instructeurs ainsi que pour les intellectuels modernes patriotes instruits en français de les interpréter puis traduire à l’usage des apprenants analphabètes (dans leurs langues maternelles). Il faut rappeler et préciser que cet enseignement en 2 cycles successifs d’un an chacun avec 4 ou 5 heures de cours par semaine vise à "introduire d’emblée les peuples à leurs humanités respectives (par analogie aux humanités françaises) qui reflètent à la fois le niveau intellectuel et moral général de Homo sapiens sapiens". L’ensemble des formations s’appuient aussi à terme sur la réalisation d’un programme de colloque en 9 thèmes pour décrire la vie culturelle, scientifique et technique de chaque nationalité en vue de son émancipation véritable. Faudra-t-il souligner aussi que l’admission aux universités populaires est soumise à l’adhésion aux critères éthiques suivants : le rejet de l’impunité des crimes politiques, le rejet des fraudes politiques et enfin l’accord pour l’érection politique d’emblée de toutes les langues maternelles à la hauteur des supports du discours scientifique au dernier cri. Dans ses plans visant à faciliter la communication entre les peuples, l’INIREF espère que la réalisation du projet européen de traduction automatique d’une langue aux autres et vice-versa au sein de l’Union européenne dénommé "Eurotra" serait un grand atout pour un système de traduction similaire, "Bénintra" (pour le Bénin) pouvant déboucher sur "Afrikatra"(pour l’Afrique), pourquoi pas ? Certes, on en est encore loin. Mais dès lors que le français figure en bonne place dans les programmes conçus et traduits en langues nationales on peut imaginer les possibilités de communication entre les peuples à travers leurs lettrés en français qui peuvent se rendre utiles. Par ailleurs, si l’on prend en compte le fait que de nombreux Béninois sont instruits en anglais, espagnol, allemand, russe, chinois, japonais, etc., on devine bien le grand champ de communication ouvert entre les peuples du Bénin et les autres contrées du monde dans la perspective de leur libération culturelle. C’est dire qu’au Bénin et partout ailleurs, il ne doit point y avoir de langue proclamée officielle à l’exclusion d’autres. Toutes les langues parlées au monde doivent être considérées officielles.

Enfin, on ne peut pas ne pas évoquer cette autre institution de l’INIREF qu’est la fête des peuples qui se tient chaque année au cours de la 2ème quinzaine de janvier. Ses manifestations culturelles, mais parfois précédées de séminaire comme il en est présentement, constituent aussi une école où les différentes nationalités viennent exposer leurs meilleures productions culturelles permettant ainsi aux uns et aux autres tout en se divertissant d’échanger mais aussi d’apprendre à connaître ou à étudier les œuvres culturelles.

Au total, l’INIREF poursuit son aide aux peuples sans relâche et dans le prolongement de ses activités, il a débouché sur la nécessité de compléter les institutions de formation des peuples par un 3ème cycle ou Master de recherche en sciences cognitives. Mais il y a davantage encore comme on le verra tantôt.


2. Généralisation de l’INIREF en Afrique.

Notre continent, l’Afrique, est constitué de pays arriérés dont la plupart sont multinationaux et culturellement dominés comme le Bénin. Elle a besoin de se libérer pour rayonner elle aussi dans le monde. On ne peut toutefois partir du néant. Comme on vient de le voir plus haut, tous les individus, toutes les nationalités de chaque pays peuvent et doivent accéder au savoir en leurs langues propres sans mépris pour les autres langues avec lesquelles ils sauront mieux connaître et apprendre des autres peuples. Or, notre pays est multinational avec des peuples qui débordent ses frontières et s’étendent à certains pays de la sous-région. Les avancées en matière d’instruction dans notre pays influenceraient avantageusement des initiatives similaires dans les pays voisins, dans la mesure où les locuteurs des langues devenues supports du discours scientifique au Bénin se retrouveraient aussitôt dans le rôle d’instructeurs ou de traducteurs privilégiés pour leurs compatriotes dès lors qu’ils le désirent. Aussi devrait-on espérer que l’émancipation des Batonnou, Haussa, Boo et Yoruba du Bénin entraîne comme par contagion nécessaire celle des 60 millions de Yoruba du Nigéria, des millions de Batonnou et Boo du même pays de sorte à déteindre sur les autres nationalités pour conduire à la libération de tout le Nigeria vaste de ses 125 millions d’habitants. Cet exemple extensible à d’autres peuples de la sous-région avec aussi des continuums linguistiques permet d’espérer des libérations par vagues déferlantes et par conséquent la floraison d’INIREF aux dénominations Nigeria, Niger, Burkina, Mali, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et ainsi de suite jusqu’à couvrir tout le continent africain, en attendant l’extension à d’autres contrées du monde. Ces possibilités seront mieux féconder, nous semble-t-il, avec la coopération nécessaire entre les organisations démocratiques progressives ou les réseaux d’intellectuels patriotes travaillant ensemble dans les différents pays de la sous-région. Ainsi perçu et les choses évoluant avec les fondements éthiques et scientifiques que nous venons de voir, les dessous des plans de domination alors inhumains apparaîtront plus clairs aux peuples et hommes ainsi émancipés comme apparaîtra plus claire également la richesse de la diversité linguistique et culturelle.

Pour conclure, nous dirons que ces libérations des chaînes de la domination culturelle, scientifique, linguistique, etc. de l’Afrique propulse ses peuples dans une émancipation complète. Et alors, la fête des peuples progressera et rayonnera pour devenir une véritable fête des peuples non seulement de la sous-région et de l’Afrique mais de l’humanité.

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