Index de l'article


4ème Communication

Formations économiques et sociales

Par Philippe NOUDJENOUME


Il a été présenté les modes de production ou formations économiques. Il s’agit de l’économie naturelle, de l’esclavagisme, du féodalisme, du capitalisme, du socialisme première phase du communisme. Mais aucune société ne connaît, depuis l’apparition de la production marchande à la fin de l’économie naturelle, une seule formation économique avec des rapports de production à l’état pur. Dans toute société, dans un pays, on trouve un enchevêtrement de modes de production et partant de rapports de production. On parle alors de formation économique et sociale pour désigner l’ensemble des rapports de production donné à un instant dans la société. Les groupes d’hommes qui occupent une position déterminée au sein de chaque mode de production constitue une classe sociale et les actions de ce groupe dans la société sont en définitive déterminées par cette position. Les actions réciproques des différentes classes constituent des luttes de classes. On caractérise une formation économique et sociale par le nom du mode de production dominant dont la loi détermine l’évolution de la société. Aussi l’humanité a-t-elle connu les formation économiques et sociales primitives, esclavagistes, féodales, capitalistes, socialistes. Le passage d’une formation économique et sociale à une autre s’effectue selon la loi de correspondance entre les forces productives et les rapports de production. A un moment donné, les forces productives entrent en rébellion contre les rapports de production et plus précisément contre les rapports de propriété existants. Ces derniers sont brisés au profit de nouveaux rapports correspondant à l’état des forces productives.

Concernant les sociétés primitives, on convient qu’à partir des hordes humaines, l’époque primitive a connu l’organisation tribale matriarcale, puis patriarcale avec les révolutions agraires. Puis c’est le tour de l’organisation ethnique de groupes de tribus constitués de fédérations d’organisations tribales avec à leur tête, à partir de la révolution agraire, un chef de terre ou roi. Les attaques de tribus par des rois ou des princes de confédérations tribales partant en aventure à la recherche de territoire à gouverner ont produit dans un deuxième temps des rois par conquête à la tête d’Etats féodalo- esclavagistes. On estime que la sorcellerie régressive a été instituée à l’époque matriarcale et que les patriarches ont dû produire à leur tour la sorcellerie progressive pour défendre leur domination après la révolution agraire.

Le Bénin a connu ces formations primitives. Elles ont connu l’organisation tribale matriarcale, mais qui a évolué partout jusqu’au patriarcat. Contre les groupes de sorciers régressifs, les sociétés patriarcales ont produit des groupes de sorciers progressifs dont les Gbadou et Azéhossou chez les Adja-Fon, les Ogboni chez les Yoruba. Des sociétés de classes y sont apparues. On peut distinguer :

1°- des contrées avec des chefs de terre, que l’on rencontre aujourd’hui encore en milieu Adja-Fon, dans l’Atlantique avec les Ayizo, dans l’Atacora-Donga avec les Yom, les Bêtammaribê, les Yendé, les Waba etc. en milieu nago dans le Plateau et dans le nord du Zou.

2°-les royautés dirigeant les confédérations tribales comme Tado d’où sont partis des princes ou chefs de guerre migrants pour aller fonder d’autres royaumes comme ceux de Davié en région Allada, de Hogbonou et d’Agbomê, ou comme les royaumes nago de Kétou ou d’autres royaumes d’allure tribale comme Popo, Savè, Bantè, Manigri etc. ou encore les différents royaumes Wassangari ( Kandi, Tourou, Kouandé, Kika, Wassa-Kpéhunko, Bassila, Gogounou, etc., tous reconnaissant la suzeraineté de Nikki considéré à juste titre comme un empire.

L’étude de ces royautés montre que certaines, notamment au Sud, sont à la phase esclavagiste Il en est ainsi des royautés Adja-Fon et Yoruba et que celles des Wassangari-Baatonou peuvent être considérées plus avancées et à la phase féodale de leur développement. Mais les faits montrent également que les royaumes de Tado, de Kétou et du Nord du pays se sont opposés à la traite négrière.

Le Bénin est aujourd’hui un pays capitaliste. Le capitalisme a été introduit par le colonialisme français sous forme de capitalisme d’Etat colonial et de capitalisme privé. Le capitalisme d’Etat colonial est passé au capitalisme d’Etat néocolonial avec l’indépendance formelle de 1960. Le capitalisme en se greffant sur les sociétés patriarcales a complètement désorganisé celles-ci sans réussir à les anéantir. Ce qui fait que les formations économiques et sociales actuelles sont un résultat complexe de capitalisme et de pratiques traditionnelles patriarcales. La mentalité comme la pratique qui en sont issues sont syncrétiques. Tout le monde sait ce que la sorcellerie est encore vivace au Bénin avec ce que cela comporte de fantasmes et de peur pour les hommes. La petite production continue d’occuper la majorité des hommes, faisant de notre pays un pays capitaliste arriéré. Nulle part n’existe encore l’économie naturelle.

Les classes existantes et en lutte dans la société béninoise sont la haute-bourgeoisie (attachée au capitalisme d’Etat et qui vit du parasitisme de ce capitalisme), la classe des Yayi Boni, Soglo, Amoussou, Houngbédji, des DG des entreprises et administrations publiques, des officiers supérieurs de l’armée ainsi que les compradores, les bourgeois moyens, la petite bourgeoisie, le prolétariat et le lumpenprolétariat. La littérature révolutionnaire dans notre pays a désigné la classe dominante, haute bourgeoisie, car elle n’est pas propriétaire des moyens de production, mais vit du parasitisme d’Etat au service des puissances étrangères, au service de la grande bourgeoisie dans le maintien de la domination économique, politique, linguistique et culturelle sur le pays. Elle colporte et entretient la morale de cette dernière dans une alliance avec les groupes régressifs (sorciers et autres) des vieilles sociétés. L’émancipation des peuples du Bénin passe par leur libération de cette domination linguistique et culturelle qui est du coup sociale.


Compteur de visiteurs

Please install plugin JVCounter!

Votre calendrier

mai 2024
lmmjvsd
12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031